Dans le registre « Actes du Maire », nous pouvons lire :

26 juin 1836

« Nous sommes allés en corps féliciter le Roi d’avoir échappé à l’attentat commis hier sur sa personne par l’infâme assassin.

Sa majesté, entourée de sa noble famille, avait un air calme en témoignait une profonde émotion des marques d’attachement que tout le monde lui donnait : Je suis vivement touché, a dit le Roi, de votre démarche, et je suis reconnaissant de votre bonne visite. La Reine placée auprès du Roi paraissait affligée, la nouvelle épreuve avait brisé son cœur. Serait-il donc vrai qu’on compta jusqu’à trois assassins parmi les français de notre siècle ! Quelle opinion l’Europe civilisée se formera t-elle de nous. Ô honte. »

François Thénard Dumousseau, maire de Noisy-le-Sec de 1832 à 1842.

Que s’est-il passé le 25 juin 1836, en fin d’après-midi ?

Louis-Philippe, la reine Marie-Amélie et Madame Adélaïde quittent le palais des Tuileries. Ils ont pris place dans une voiture blindée appelée « la Saverne », qui servait à Napoléon 1er  et qui a été remise en service depuis l’attentat de Fieschi. Comme à son habitude, mais contrairement à l’étiquette, le roi a laissé les deux places dans le sens de la marche à sa femme et à sa sœur et s’est installé à contresens sur la banquette qui leur fait face.

Lorsque l’équipage passe sous les guichets du Louvre, la garde rend les honneurs et Louis-Philippe sort la tête à la fenêtre pour la saluer. Un coup de feu est tiré, très près de la tête du roi et remplit la voiture de fumée. La balle va se loger dans le plafond.

L’auteur du coup de feu a été aussitôt arrêté. C’est un anarchiste de vingt-six ans, ancien sous-officier révolté contre la répression qui a suivi les journées de juin 1832  du nom de Louis Alibaud  ( 1810-1836). Il a tenté de tuer le roi à l’aide d’une canne-fusil. Traduit devant la Chambre des pairs, il est condamné à mort et guillotiné le 11 juillet, à cinq heures du matin pour éviter que l’événement provoque un rassemblement républicain. La place était protégée par 6000 soldats. Lorsque la foule arriva, tout était déjà terminé.

Avant de mourir, il déclara « Je meurs pour la liberté, pour le peuple, et pour l’extinction de la monarchie. »

Le corps d’Alibaud fut immédiatement enseveli dans la tranchée des suppliciés du cimetière du Montparnasse.