Nous entendons dire « avant il y avait un musée à Noisy… » et nous en avons trouvé traces.

Dès 1924, Léon Coutier fait don d’une collection préhistorique à la ville pour le Musée communal (lettre de remerciement du maire le 1er octobre 1924) Ceci sous entend qu’il existait déjà un musée en 1924. Nous n’avons rien trouvé sur celui-ci.

Le dimanche 21 mai 1933 à 14h30, pour être précis, est inaugurée un Musée de Préhistoire, créé avec la collaboration de M Léon Coutier. Retenez ce nom car il en sera beaucoup question par la suite. Le musée est situé dans un local attenant la Justice de Paix. Pour mémoire à cette époque la Justice de Paix était située dans l’ancienne étude du notaire. Le musée se situait donc dans l’actuelle Galerie.

M. Renault est alors maire de Noisy-le-Sec et conseiller général de la Seine. Le Préfet est représenté par M Lelandais attaché de Cabinet.

Dans son discours de bienvenue, M Louis Renault remercie M Léon Coutier, M Luc, M Hector Espaullard et toutes les personnes qui ont permis de la création de cet intéressant et déjà très riche Musée.

Après lui, M. Lelandais, représentant du Préfet de a Seine, prend la parole, il félicite les créateurs et les donateurs pour la constitution de cette première salle et pour la façon dont les collections sont exposées. Il annonce la prochaine nomination d’officier d’académie de M. Léon Coutier.

Ces discours ont été accueillis avec de vifs applaudissements et après un vin d’honneur offert par la municipalité, les invités purent examiner les vitrines ainsi que les excellentes coupes des alluvions de Chelles (seine et marne) qui ornent les murs et les intéressants dessins reproduits en frise par M Luc et représentant les gravures pariétales de cavernes.

Quelques coupures de presse rendent compte de cet événement local.

A l’issue de l’inauguration un vin d’honneur est servi par M Dessertine (restaurant sur la place J d’Arc). Pour l’événement M Dessertine doit fournir :

60 verres

12 bouteilles de Gaillac (vin du sud ouest de la France), prix 12f la bouteille, environ 8€ d’aujourd’hui.

environ 100 biscuits

3 paquets de cigarettes gauloises + allumettes.

Que trouvait on dans ce musée ?

1500 outils en silex s’échelonnant du paléolithique moyen (- 700 00 à – 100 000) jusqu’au néolithique.

220 poteries mérovingiennes, gauloises et romaines), des armes mérovingiennes, des bois et cornes d’animaux, des moulages de monnaies rares. Des gravures, des dessins et photographies ainsi qu’une bibliothèque spécialisée de 500 livres.

Sept dioramas illustrent les plus belles découvertes archéologiques. (C’est un mode de reconstitution d’une scène en volume)

Ces collections s’étaient peu à peu constituées à partir des dons de Léon Coutier complétées par des donations ultérieures.

Ce musée était riche non seulement de collections de pierres et d’objets mais aussi de moyens pédagogiques pour faire découvrir aux Noiséens les aspects de l’archéologie et plus généralement la préhistoire.

Le directeur de l’école Carnot y fait des conférences chaque semaine à ses élèves de cours complémentaires.

Nous n’avons pas d’archives pour éclairer le fonctionnement du musée (sa fréquentation, ses horaires, ses activités,…

1936, le musée de Noisy est membre de la société Préhistorique Française.

1951 la direction des Musées de France établit le rapport suivant suite à une visite sur place de M Boyer inspecteur :

« Actuellement le musée comprend :

  • 4 vitrines sur le palier d’entrée de la bibliothèque
  • 4 grands meubles à tiroir dan la salle des catalogues de la bibliothèque
  • au dessus de ceux ci quelques coupes géologiques et des vitrines de silex.
  • Une réserve de caisses de pièces préhistoriques.

J’estime que la sagesse conseille de laisser les choses en l’état où elles sont. »

1954/55

La Direction des Musées de France adresse une lettre au conservateur du musée noiséen pour lui demander quelles dispositions sont prises pour la protection des collections en cas de conflit armé. La premier lettre reste sans réponse. Le 25 février le maire demande qu’on lui adresse à nouveau la circulaire dont il n’a trouvé aucune trace …

Le 10 mars, suite à la réception de la circulaire, le maire « les collections de pierres du musée pré historique ne rentrent pas dans une des catégories prévues par la circulaire n°2 du 7/10/1954. »

1958

René Gautier est maire, Il est RPF, Rassemblement du Peuple Français, parti politique créé par le Général de Gaulle en 1947.

Tout commence par une question écrite du Conseil Général de la Seine au Ministère des Beaux Arts. Les conseillers généraux signataires sont , M Henri Quatremaire, Daniel Renoult, Pierre Kérautret, Charles Garcia et Mme Adrienne Maire.

Avant la guerre la ville NLS possédait un musée riche d’une collection d’armes préhistoriques, de bronzes anciens, de poteries, de céramiques, etc. Ce musée a &été fortement endommagé par le bombardement « heureusement grâce au personnel municipal de la ville et aux amis du musée un certain nombre de pièces précieuses ont été sauvées de la perdition. La population noiséenne reste attachée à son musée mais les locaux qu’il occupait anciennement sont maintenant transformés en bibliothèque municipale. »

Le 24 février, la Préfecture de la Seine interroge le maire de NLS « Mon attention a été appelée sur le musée de votre commune dont les locaux endommagés par le bombardement aérien du 18 avril 1944 auraient été utilisés à la création d’une bibliothèque municipale. Je vous serais obligé de bien vouloir me faire connaitre si la réouverture de ce musée est envisagée et dans la négative, les raisons qui vous apparaissent s’opposer à cette réouverture.

Le 3 mars, la municipalité de Noisy répond à M le Préfet.

« Dans la salle d’attente du public de la bibliothèque se trouvaient classées dans des tiroirs de nombreuses pièces minéralogiques, suivant l’intérêt qu’on lui portait ce local était pour les uns la bibliothèque, pour les autres le musée.
Notre premier souci a été de reconstituer la bibliothèque qui avait été provisoirement hébergée dans la mairie. Cette opération étant terminée, il entre dans nos intentions de procéder à un inventaire et à un classement méthodique des pièces qui ont pu être récupérées. Ce travail ne peut étre effectué que par un personnel qualifié nous ferons appel aux services du Ministère de l’Education Nationale.

Ceci pouvant être l’amorce d’un projet plus vaste de musée régional. Mais ce projet rencontre des difficultés de réalisation faute de pouvoir disposer d’un local approprié. En effet, les services de l’Etat (contributions directes, enregistrement, etc), subsistent dans le pavillon qu’occupe la bibliothèque au 1er étage.

Notre idée serait de libérer le RDC pour l’utiliser comme salle d’exposition du musée mais le transfert des bureaux s’avère difficile devant la pénurie de locaux disponibles. »

Au regard de la lenteur de la reconstruction, le musée ne peut être une priorité et comme il n’est pas une priorité, il tombe peu à peu dans l’oubli.

 

 

 

 

M. Forestier dans les sous sols de l’actuelle La Galerie, présente des pièces du musée.

(photos non datées)

 

 

 

 

 

 

 

1965, le groupe d’archéologie de Noisy-le-Sec, présidé par M Renaudie professeur à l’école Carnot, récupère une partie des pièces du musée et s’installe dans un local au 9 rue Pierre Brossolette.

1977, une exposition est organisée par le club d’archéologie sur le musée et sur Léon Coutier. Cette exposition fait le tour du département.

1998, les journées du patrimoine ont pour thème « Métiers et savoir-faire autour du patrimoine ». Une conférence évoque le musée de la Préhistoire qui exista à Noisy-le-Sec et l’outil préhistorique en silex découvert à Noisy-le-Sec en 1966 par les jardiniers de la ville (paléolithique entre 200 000 et 8000 avant JC).

2007, l’association archéologique est mise en demeure d’évacuer la salle qu’elle occupait rue Pierre Brossolette et une de ses membres Annette Flageul transféré l’ensemble du matériel subsistant chez elle à Plougastel Daoulas.

2013 le 27 septembre, Paul Henri Lecuyer, responsable du service Archives de NLS, se déplace à Plougastel Daoulas pour examiner le fonds archéologique susceptible d’intéresser l’histoire de NLS.

Il conclue : « le fonds Coutier est essentiellement composé de pièces archéologiques de provenance inconnue, par conséquent ces objets n’ont aucun lien proprement dit avec l’histoire de NLS. Vingt caisses en plastique environ 4 m3 dont 3 caisses de livres »

Mais qui était Léon Coutier a qui revient le mérite de la création du musée ?

Article à suivre…

Anne-Marie Winkopp