Jeudi 18 mars 1943, camouflage des lumières de 19h28 à 6h29. Visite de René Bouffet, préfet de la Seine à Noisy-le-Sec

Quelques mots sur René Bouffet : né le 12 décembre 1896 à Rennes et mort le 23 avril 1945, 29 rue de la Santé à Paris, est un haut fonctionnaire français. Après son doctorat en droit, René Eugène François Bouffet accède à plusieurs postes administratifs ; il devient préfet de la Seine du 21 septembre 1942 au 19 août 1944.

À la fin de la guerre, il est arrêté par les FFI, le 21 août 1944 à l’hôtel de ville de Paris ; il est incarcéré à Fresnes en septembre 1944, transféré dans une clinique de Paris. Il meurt, des suites d’une opération, à la maison de santé des sœurs de sainte Augustine, le 23 avril 1945.

Légion d’honneur en 1935, il est décoré de l’ordre de la Franscique, symbole de la fidélité au Maréchal Pétain..

La visite à Noisy-le-Sec est relatée par le journal « Aujourd’hui ».

Aujourd’hui est un quotidien français paru entre 1940 et 1944. À son départ, la publication se veut indépendante du régime de Vichy et la rédaction est composée de personnes issues de la gauche. Néanmoins, le contexte politique ne favorise pas la pérennité d’un tel projet : le journaliste Henri Jeanson, fondateur du périodique, doit quitter son poste de directeur lorsqu’il refuse de se montrer hostile aux Juifs et est remplacé par le futur collaborateur Georges Suarez qui réorientera la publication vers une ligne favorable au pouvoir en place.

Titre à la une « La banlieue réclame, Noisy-le-Sec un terrain de sports, Villemomble une groupe scolaire ».

René Bouffet a besoin de voir « l’aspect physique des cités » qui relèvent de son administration.

A Noisy-le-Sec il est accueilli par un chœur d’enfants. Le maire Henri Leblond expose que la commune ne possède pas de terrain de jeux, ni de terrain scolaire où puis être appliqués les nouveaux programmes d’enseignement pour la gymnastique.

Noisy-le-Sec souhaite également l’aménagement du parc de 15ha prévu pour la région Est sur les pentes du fort et les terrains d’une ancienne carrière.

Pour mémoire le seul équipement sportif de la ville est à cette époque le gymnase de la Vigilante en face de la halle du marché (rue Adrien Damoiselet) et une piste d’athlétisme dans l’emprise des voies de chemin fer et réservée aux cheminots.

Nous avons trouvé trace de la location en 1941 d’un terrain de 1ha appartement au département de la Seine, entre la ligne de grande ceinture « évite Noisy » et le canal de l’Ourcq rive droite pour l’aménagement d’un terrain de sports (projet non réalisé) d’où la demande.

René Bouffet promet « devant cette jeunesse qui est notre espoir » de faire aboutir vite ces projets.

En mairie, Henri Leblond, remet au préfet, des motions de confiance et de fidélité votées par son conseil municipal à l’adresse du Maréchal de Pierre Laval. Dans son discours de remerciement, R Bouffet dit « Il faut faire confiance à ces deux hommes. Ils font ce que leur dicte leur patriotisme. Le destin des Français sera fait par des Français ».

Le 17 mars 1943, le conseil municipal réunit en salle des mariages avant l’arrivée du Préfet, vote à l’unanimité les 2 adresses suivantes :

« Le conseil municipal de Noisy-le-Sec renouvelle à M le Maréchal Pétain chef de l’Etat Français, l’hommage de son absolue confiance et de son inaltérable dévouement et l’assure de son concours le plus entier et le plus fidèle ».

« Le conseil municipal de Noisy-le-Sec adresse à M Pierre Laval, chef du gouvernement, maire d’Aubervilliers et président de l’union amicale des maires de la Seine, l’expression de son dévouement et l’assurance de son loyal esprit de collaboration à l’œuvre qu’il a entrepris pour la rénovation de notre patrie et le retour des prisonniers de guerre. »

NB : 2 des conseillers municipaux sont prisonniers de guerre MM Barchewitz Pierre (docteur es sciences chimie physique, enseignant à Université d’Orsay) et Jacquillot Raymond, instituteur..

Sur la place de la mairie

Henri Leblond lit son discours d’accueil

M le Préfet répond et fait des promesses. Remarquez les vitraux des fenêtres disparus lors du bombardement.

Le public parmi lequel nous pouvons reconnaitre, au premier rang, cheveux blancs, l’abbé Daviet.

Le préfet visite ensuite la « maison des œuvres sociales » qui regroupe dans un seul immeuble (un ancien établissement de bains au 4 rue de l’Union) tous les services sociaux de la commune (création par délibération du CM du 7 mars 1941).

Au RdC, les œuvres de protection de la première enfance : visites prénatales, nourrissons : chaque jour plus de 500 biberons de lait stérilisé y sont distribués. Goutte de lait

Au premier étage, les services du Secours National.

Le Secours national, oeuvre philanthropique pétainiste, avait obtenu, dès 1940, le monopole de la collecte privée de fonds, à charge pour lui d’en redistribuer une partie à d’autres associations caritatives. Outre les collectes privées, le Secours national recevait des subventions d’Etat. Il se finançait aussi par le produit de la confiscation et de la vente des biens juifs.

Au deuxième étage les locaux de « la famille du prisonnier », le Comité d’entraide aux prisonniers libérés ; un centre d’orientation professionnelle ; une mutualité maternelle.

Le bâtiment existe toujours, aujourd’hui il est occupé par la crèche départementale.

1943, 4 rue de l’Union

Nous avons trouvé dans le budget de l’année suivante, le coût de cette réception :

  • Fourniture de clichés et tirages, Mazza photographe 160 fr
  • Actualités photographiques, 1155 fr
  • Décoration plantes vertes de la salle des fêtes, Plin, 500 fr

Soit un total de 1815 fr 1944 = 35 919,73euros

Anne-Marie Winkopp