Le nom Londeau est une déformation de « longue-eau ». L’orthographe actuelle date du début du 19ème siècle . Il y avait là un fossé qui recueillait les eaux sauvages provenant des hauteurs de la Boissière et du vallon de la Fontaine d’Orval. L’étude des courbes de niveau nous montre que nous sommes dans un point bas. Les noms des lieux dits environnants ne font que confirmer. Nous pouvons citer : la Mare Boisard, le Trou Morin, le Fossé Provost, la Foussaye Beauclair, le rût d’Aurion, etc.

Hector Espaulard nous apprend qu’en 1479, on parle de la fosse de Longueau (ou Longdeaux dans les censiers de Saint Antoine). Il s’agissait d’une mare que l’on voit apparaître sur les plans jusque vers 1880 date à laquelle elle est transformée en citerne. Celle-ci existait encore dans les années 1950.

A l’origine, tout comme Merlan, que nous avons étudié précédemment, le fief du Londeau dépendait des  seigneuies de Villemomble et de Montjay. A noter qu’il est rattaché à Noisy par le biais de la paroisse. Plusieurs fiefs, une seule paroisse Saint Etienne.

Sur la carte de Delagrive (1740), sont indiqués deux bâtiments autour d’une cour dans laquelle se trouve un pigeonnier. Les terrains du côté sud jusqu’au chemin de Noisy à Rosny et de Montreuil à Claye soit un superficie de 10 arpents environ ( soit 500 ares – 50 000m2 ) sont clos d’une haie.

 

Le seigneur du Londeau ne pouvait prétendre à aucune justice. Il avait le droit de posséder un colombier à pied. (comme on peut le voir sur le plan ci-dessus). Ce privilège était réservé à la noblesse. Le pigeon jouait un rôle important : on mangeait du pigeon , pigeon voyageur et engrais.

Premier seigneur connu, Nicolas Piolyne vers 1634 (le roi est alors Louis XIII). Hector Espaullard orthographie le nom ainsi mais en faisant nos recherches,  nous pensons qu’il s’agit plutôt de la famille PIOLENC. Sans doute un problème de déchiffrage des écritures.

Il est procureur à la Cour du Parlement., contrôleur ordinaire de la maison de Monseigneur le Prince de Condé. Il est également baron et possède un château à Connaye près de Dreux. Il veut agrandir son « clos » et par un échange avec la Fabrique de Noisy (organisme qui gère les biens de la Paroisse), il acquiert un arpent supplémentaire.

Il a épousé Magdeleine Couturier que l’on trouve marraine en 1617 d’une fille de Paul Danquechin (très ancienne famille noiséenne).

Son fils André Pilolyne/Piolenc lui succède. Il est seigneur de Neufestang dans le Gers. Nous savons qu’il était avocat et qu’il a été anobli en août 1653 (roi Louis XIV).

Un fait marquant le concernant. En 1666 au mois d’octobre le décès de sa fille Jeanne et l’inhumation de celle-ci « dans la maison des champs de Noisy-le-Sec ». Cas rarissime d’inhumation hors du cimetière ou de l’église.

La famille Piolenc possédait encore le Londeau en 1709.

En 1715, le propriétaire est un docteur en médecine Joseph Garrus. Il s’agit d’un médecin qui connut une certaine notoriété sous la Régence notamment pour avoir inventé un élixir qui porta son nom. La légitimité de son titre de médecin a été mise en doute, notamment par Alexandre Dumas et sa réputation semble avoir surtout été celle d’un charlatan. (source wikipedia) En juillet 1719, il administre son élixir à la duchesse de Berry, qui se trouve à l’article de la mort au château de la Muette. Garrus ne parvient pas à sauver l’agonisante qui expire dans la nuit du 20 au 21 juillet 1719.

La même année, le 3 juillet, sa fille Elisabeth épouse un certain Pierre Giron qui est médecin du Roi.

C’est ainsi que le fief du Londeau devient propriété de Pierre Giron. En 1722 à la mort de Joseph Garrus (un ou deux R)

Pierre Giron a une fille Marie Marguerite qui épouse en 1744, Sébastien Chevallier, maître de danse à Paris. Ce dernier devient à son tour seigneur du Londeau. A noter que M de Mauperché, dernier seigneur de Noisy-le-Sec, mentionne son nom dans les possesseurs de fiefs de son domaine.

Sébastien Chevallier meurt en 1781. Sa fille Marie-Anne hérite du bien. Elle est mariée à Charles Jean Coger, receveur des domaines du Roi. Il décède en 1791. Ce fut le dernier propriétaire seigneurial de ce fief.

Marie-Anne, veuve, vend le domaine à Nicolas Jean Baptiste Tripier, pair de France.

Nicolas Jean Batiste Tripier est le dernier grand propriétaire terrien de Noisy. Il était avocat, conseiller à la cour de cassation, député en 1815, pair de France en 1832. Il fut maire de Noisy de 1819 à 1829.

C’est lui qui fait construire à côté de la ferme un pavillon qu’il habita jusque dans les années 1818. Tripier a acheté au tribunal civil les biens de Mathieu Louis de Mauperché dernier seigneur de Noisy. Il s’installe dans le « château » de ce dernier au centre ville.

source : Hector Espaullard, Noisy-le-Sec, village heureux, ville martyre.