Auguste, Jean-Marie  GUENEPIN est né à Paris le 17 juin 1780. Il est le fils d’Etienne François Edmé Guénepin (1752-1827), avocat au parlement et de Marie Madeleine Delfau (1753-1808). A Paris, il habitait au 25 de la rue des Petits Champs.

Il étudie les mathématiques pour intégrer Polytechnique mais une croissance brutale et une rupture de la cheville le rendent boiteux.

Il entreprend alors des études d’architecture dans l’atelier de François Antoine Peyre, un ami de la famille.

Le prix de Rome en 1805

Le prix de Rome en 1805

En 1805 (25 ans) il remporte le grand prix d’architecture et se rendit à Rome, où il passe cinq ans et restaure l’arc de triomphe de Titus en 1810.

Arc de Titus à Rome

Arc de Titus à Rome

Ingres fit un portrait d’Auguste, sans corriger son léger strabisme, réputé, parfois, pour donner une meilleure vue d’ensemble, et une sorte de meilleure vue dans l’espace, presque en 3D.

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Après son retour en France, il devient inspecteur des travaux de construction de l’abattoir Montmartre. Les abattoirs de Montmartre, d’une superficie de 37 000 m2 étaient organisés autour de plusieurs cours et comprenaient 64 échaudoirs. Ils furent démolis après la construction des abattoirs de la Villette.

les abattoirs de Montmartre

les abattoirs de Montmartre

Le 10 mars 1817, il se marie avec Aimée DESENNE. Il aura deux enfants. À noter qu’il est le père nourricier de Paul Eugène Lequeux (architecte de la première mairie de Noisy-le-Sec).

Il devient architecte d’un des arrondissements de Paris en 1822, et membre de l’Académie des beaux-arts en 1833.

1823, il crée une École d’Architecture (Atelier), dont les élèves obtiendront de nombreux succès (dont 2 Grands Prix de Rome d’Architecture) : Lequeux (1834) et Jean-Baptiste Guenepin, son petit cousin (1837).

1835, il est nommé Chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’Honneur. La même année, il est élu Membre honoraire et correspondant de l’Institut des architectes britanniques.

Guénepin n’a attaché son nom à aucun monument d’une importance considérable. On lui doit l’église de Noisy-le-Sec, le Maître-autel de l’église Saint-Thomas-d’Aquin, les Plans du village de Bellevue, etc.

Guénepin et l’église Saint-Etienne de Noisy-le-Sec :

Au début du 19ème siècle, l’église menace ruine. Le 19 août 1815 un arrêté préfectoral acte la fermeture provisoire de l’église afin de permettre la réalisation de travaux indispensables. En 1816 les travaux de réparation sont estimés à 4 000 francs et en 1817, la situation empirant, le coût atteint 20 132 francs. Par mesure de sécurité, il fallut se résoudre à l’abandon définitif de l’ancien bâtiment.

Délibération du conseil municipal en date du 1er mai 1818, le maire de l’époque M. Deplace, propose le transfert, dans un local offert par M. Tripier, des objets du culte pour installer une chapelle provisoire « l’église menaçant de tomber en ruines ».

1819, le conseil municipal demande au maire de saisir le Préfet, la commune n’a pas les moyens financiers de reconstruire l’église ni même de la réparer.

Le Préfet du département de la Seine confie le projet à Jean-Marie Auguste Guénepin.

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Par mesure d’économie, Guénepin réutilise au maximum l’existant. C’est ainsi qu’il conserve les anciennes fondations, réemploie les matériaux et conserve certains éléments d’ornement dont la fameuse clef de voute.

clé de voute église Saint-Etienne

clé de voute église Saint-Etienne

Il raccourcit le bâtiment en supprimant une travée vers l’entrée (6 travées à l’origine, 5 aujourd’hui) et la remplace par un porche en saillie. Les deux colonnes soutenant le porche sont un réemploi. Le plan basilical (c’est à dire sans transept) se développe en longueur et se termine par une abside. La façade est dans le goût historisant de l’époque mêlant néo renaissance et modernisme. Le mur pignon reprend le style renaissance en vogue au 16ème siècle. Nous avons un axe de symétrie vertical, un fronton orné d’une rosace et de part et d’autre du porche deux niches destinées à recevoir les statues de Saint-Etienne et Saint-Vincent.

église st etienne

1824 - facture portant la signature de Guenepin

1824 – facture portant la signature de Guénepin

Du côté du chœur, à l’origine le chevet était plat. La commune acquiert à l’amiable une petite bande de terrain sur la ferme voisine ce qui permet à Guénepin de développer pour le chœur la grande niche en arrondi que nous voyons de nos jours. Cette disposition architecturale se nomme « voûte en cul-de-four ». Elle forme une demi coupole rappelant la forme du four à pain.

voûte en cul de four

voûte en cul de four

De grandes baies percées dans les murs latéraux de la nef, éclairent l’édifice. Le clocher, en forme de tour carrée, est accolé à la partie nord du bâtiment. Il n’est pas très élevé mais donne une impression de solidité et de force.

La première pierre fut posée le 20 mai 1823 (document aux A.M) M. Tripier est alors maire et Jacques Charles Chaalons est curé. La cérémonie est présidée par le Comte Charbol de Volvic, conseiller d’Etat et préfet du département de la Seine.

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Noisy-le-Sec Histoire(s) possède la médaille commémorative émise à cette occasion.

La somme initialement prévue pour les travaux (51 301 francs) fut dépassée de 20 000 francs environ car « des parties de fondations qu’on espérait conserver ont été reconnus après la démolition de l’ancienne église en trop mauvais état pour recevoir la nouvelle construction » archives nationales F3 II, seine 12-17.

D’autres rénovation suivront pour aboutir à l’église que nous connaissons aujourd’hui.

Auguste GUENEPIN meurt le 5 mars 1842 à Paris, les hommages sont unanimes. Ainsi peut-on lire dans Journal des conseils de fabriques, des curés et des desservants volume 7

« Depuis vingt ans nous étions admis dans son intimité . Tous ceux qui ont connu cet architecte savent combien il était heureux d’obliger ses amis et anciens élèves. Doué de l’esprit le plus vif, d’un talent distingué, et du plus noble caractère, notre professeur fut trop affectueux envers nous pour que nous n’éprouvions pas le besoin de rendre hommage à sa mémoire. »

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