Noisy-le-Sec, 6 janvier 1915

Mon cher petit mari,

Ce soir mercredi je n’ai pas eu de tes nouvelles mais je pense qu’elles sont toujours très bonnes, à demain soir donc, je voudrais déjà y être. Je voudrais bien être six mois plus vieille que tout soit fini et nous soyons réunis. Quel beau jour que Dieu veuille qu’il arrive ayons recours à lui. Ce matin nous sommes allés rue de Provence , nous sommes dans une salle qui est assez bien, grande et bien éclairée. C’est à l’étage de la galerie nous n’avons pas à monter . Enfin qu’importe je ne fais pas attention à tout çà maintenant. Ce soir j’ai reçu une lettre de ta sœur. Ils sont en bonne santé, elle me dit que le mari de Julie Bigoura est mort que l’on a célébré le service. Il a été tué le 27 septembre, 7 jours après son frère que c’est donc triste mon Dieu.

Ce soir il pleut très fort, pauvres soldats. A demain de bonnes nouvelles mon Joseph en attendant bonsoir et ne t’ennuie pas ta pauvre Gèle ne cesse de penser à toi et t’embrasse de tout son cœur à travers l’espace.

Ta petite femme qui t’aime sincèrement