Le 11 octobre 1910, les syndicats exigent du gouvernement l’instauration d’un salaire minimum journalier de cinq francs et lancent la « grève de la thune » (le mot « thune » est le surnom de la pièce de cinq francs). Devant le refus de la Compagnie du Nord, les ouvriers des ateliers, puis du dépôt de La Chapelle – Plaine Saint Denis cessent le travail. Rapidement la grève s’étend au réseau Nord, aux autres ensuite de telle sorte que le comité central de grève, réfugié dans les bureaux de « L’Humanité » appelle à la grève générale des cheminots.
Les affiches sont les témoins d’une campagne d’opinion où le dessin s’attache à gagner les esprits et les coeurs.
Le but de cette affiche est d’obtenir l’indispensable soutien des voyageurs dans le conflit entre les travailleurs et leurs employeurs.
Aristide Briand, Président du Conseil, prônait au début de sa carrière la grève générale mais dans le cas présent, il doit préserver les intérêts vitaux du pays : les électriciens, les gaziers, les employés du téléphone, cessent progressivement leur activité pour soutenir les cheminots.
La situation est grave. Le pays est sur le point de se bloquer complètement.
Les affrontements entre grévistes et non grévistes sont particulièrement violents : un ouvrier serre-freins non gréviste a été tué par ses « collègues » à Cormeilles-en Parisis.
Pendant une semaine, cette grève cheminote révèle l’importance que le chemin de fer a prise dans la vie du pays, tout en provoquant la grogne des banlieusards.
Le gouvernement fait occuper les installations ferroviaires par l’armée, arrêter les membres du comité de grève et ordonner la mobilisation des cheminots. La plupart obtempèrent.
Le 18 octobre 1910, le trafic reprend sur l’ensemble des réseaux. La « thune » est obtenue à partir du 1er janvier 1911 mais une lourde répression s’abat sur les grévistes (3 300 révocations).
A Noisy-le-Sec :
La gare de Noisy-le-Sec fut occupée dès le début du conflit.
document : Bibliothèque historique de la ville de Paris
On voit sur la photo des zouaves, fantassins recrutés en Afrique du Nord (Algérie orientale, puis Tunisie) réputés tant par leur bravoure que par les particularités de leur tenue : chéchia sur la tête, large ceinture dont l’enroulement ou le déroulement nécessitait le concours d’un camarade, pantalon bouffant au-dessus des guêtres.
On devine, en haut à gauche, le mot « lampisterie ». Ce mot désigne le lieu où on entretenait le matériel d’éclairage d’une gare.