Au commencement était une rivière :

La Dhuys est un cours d’eau de 21,4 km de long. Elle prend sa source au ravin de la Dhuis dans l’ouest du département de la Marne sur la commune de Janvilliers. Elle se jette dans le Surmelin au niveau de Celles-lès-Condé, en rive gauche, peu avant la confluence de celui-ci avec la Marne.

Confluent de la Dhuys et du Surmelin (Parc du Château de Condé)

Confluent de la Dhuys et du Surmelin (Parc du Château de Condé)

Son nom vient du gaulois dusio, démon, selon l’habitude celtique de diviniser les cours d’eau. Selon une légende, Sainte-Eulalie, aurait ordonné à son bœuf, pour pallier le manque d’eau, de frapper le sol de sa corne, et l’eau jaillit. Ainsi serait née la Dhuis… À Pargny-la-Dhuys, la Dhuis est captée pour alimenter l’aqueduc de la Dhuis et là son histoire devient noiséenne.

L’aqueduc de la Dhuis 

La construction du canal de l’Ourcq, entre 1802 et 1822, permet d’assurer un apport d’eau important à la capitale, à défaut d’être de bonne qualité. Le premier puits artésien de la ville est foré en 1841. Le très fort accroissement de la population parisienne nécessite d’entreprendre de nouveaux travaux. En 1863, l’Aqueduc de la Dhuis, parfois écrit Aqueduc de la Dhuys, entre en fonction. Le cours de la rivière est capté à Pargny-la-Duys afin d’alimenter Paris en eau potable. Il traverse de nombreuses vallées et parcourt les 131 km qui séparent Pargny de Paris presque à l’horizontale. Sa pente est faible : élevé de 128 m d’altitude à son début, il ne descend que de 20 m à 108 m d’altitude à son extrémité, soit une pente de 0,10 m/km, suffisante toutefois pour l’écoulement de l’eau par simple action de la gravité. Son débit moyen est de 22 000 m³/jour.

Il fut construit pour apporter l’eau aux Parisiens, mais il sert également aujourd’hui à fournir en eau le parc Disneyland et l’Est de la Région Parisienne. Il traverse le sud du département de l’Aisne, la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis (Gagny, Le Raincy, Villemomble, Rosny-sous-Bois, Noisy-le-Sec, Romainville, Montreuil-sous-Bois et Bagnolet) avant d’accéder à Paris, par la Porte de Ménilmontant, et d’aboutir au réservoir de Ménilmontant, à proximité de la place Saint-Fargeau.

Cet aqueduc est l’œuvre de l’ingénieur Belgrand, responsable du Service des Eaux et des Égouts de Paris agissant sous l’autorité du Baron Haussmann.

L'ingénieur Belgrand dans un siphon

L’ingénieur Belgrand dans un siphon

 

L’ouvrage est, par endroits, constitué d’une conduite en maçonnerie de 2,20 m de hauteur et 1,80 m de largeur, sur une emprise au sol de 10 m de large. De nombreuses parcelles de cette emprise sont la propriété de la ville de Paris. L’aqueduc de la Dhuis comporte, en général tous les 500 m, des regards de visite fermés à clé permettant le contrôle de l’ouvrage. À l’extérieur, les regards sont de petits édicules de béton ou de maçonnerie comportant une porte métallique peinte en vert.

regard_montfermeil

Sont également présents sur le parcours des points hectométriques, bornes indiquant la distance en hectomètres depuis la prise d’eau à Pargny-la-Dhuys. Le dernier se situe à Paris en face du 10 avenue de la Porte-de-Ménilmontant et porte l’indication « 1308 », soit 130,8 km.

Dès sa construction, le trajet de l’aqueduc est une destination populaire. Plusieurs guinguettes sont créées sur son parcours, alors même que l’eau n’est pas apparente.

guinguette à Gagny

L’aqueduc aujourd’hui :

Actuellement, l’aqueduc de la Dhuis alimente en eau potable le parc d’attraction Disneyland Paris à Marne-la-Vallée. Seule une petite partie parvient jusqu’à Paris.

2011 : La ville de Paris inscrit à l’ordre du jour du conseil des 17 et 18 octobre 2011 l’éventualité de céder l’aqueduc de la Dhuis à la société Placoplatre, afin de faciliter l’extraction du gypse souterrain par une exploitation à ciel ouvert. A la suite de la motion de censure déposée par la fédération Île-de-France Environnement, la mairie de Paris a renoncé au projet de cession.

La rivière  donne aussi son nom à une future station de métro, La Dhuys, sur la ligne 11, ainsi baptisée parce qu’elle se trouve à proximité de la rue de la Dhuys à Noisy-le-Sec.

L’aqueduc et Noisy-le-Sec :

L’aqueduc traverse le territoire de notre commune dans sa partie sud, sur une longueur de 760 m environ. D’un diamètre de 2 m environ, conçu en maçonnerie, l’aqueduc est enterré sous terre. Des balises, appelées point hectométriques marquent son tracé tous les cent mètres. Il en reste quelques unes à Noisy, le long de la rue de la Dhuys. Le chiffre qu’ils portent indique le nombre d’hectomètres les séparant de la source.

carte aqueduc

1259 au n°98 1261 au n° 1262 au n°64

La canalisation de la Dhuys remonte à 1857. La zone de l’emprise – terrain en surface – de l’aqueduc fut longtemps préservée de toute construction.

Les constructions en bordure remontent à la guerre de 14-18. A ce moment la Dhuys était la promenade des banlieusards. Le terrain a été vendu de chaque côté de 1 fr à 5 frs le mètre. Il était interdit de construire à moins de 20 mètres de l’aqueduc. Mais la Ville de Paris laisse construire et le Conseil Général adopte le principe de la viabilité de la Dhuys.

la dhuys

Le 7 mars 1920, le Conseil Municipal émet le voeu que l’avenue de la Dhuys soit transformée en promenade publique, servant d’accès à la redoute de la Renardière, que cette redoute, elle-même soit désaffectée et incorporée à la dite promenade.

Entre 1931 et 1933, un revêtement complètement étanche et non fissurable a été realisé sans obtenir une garantie absolue d’étanchéité. Dès 1935, les riverains demandent la mise en viabilité de la rue.

1936, par suite de fortes pluies, des sources apparaissent ruelle Boissière. Une recherche de l’origine de ces eaux est entreprise à l’aide de fluoresceine, substance qui teinte l’eau en vert. Il apparait que cette eau provient des drains de la Dhuys. Les drainages d’assainissement de l’ouvrage de la Dhuys doivent être absorbés par un puisard absorbant de 30 mètres de profondeur mais ce puisard, bouché, ne remplit plus son rôle. La Ville de Paris est invitée à réaliser les travaux nécessaires.

Le 18 mai 1937, effondrement d’un puits absorbant de la Dhuys, celui-ci déborde et menace les maisons voisines. Les sapeurs-pompiers d’arrivent pas à pomper l’eau et il faut faire appel à la moto-pompe de Bobigny pour mettre fin à l’inondation.

1949, la ville de Noisy demande à la ville de Paris l’autorisation de réaliser des travaux d’aménagement du Carrefour de l’allée de la Dhuys et de la rue des Processions (différence de niveau d’1 mètre environ).

L’allée ou chemin de la Dhuys est alors une voie privée, non ouverte à la circulation générale et propriété de la Ville de Paris. La ville de Paris demande d’ailleurs aux riverains des redevances à chaque fois qu’ils sont dans l’obligation de faire conduire jusqu’à chez eux un camion (pour la livraison du charbon par exemple).

rue de la dhuys

 Chemin de la Dhuise (sic)

1952, le dossier est constitué et consultable en mairie.

1952 avis

1953, les travaux n’ont pas encore commencé et les habitants signent une pétition réclamant d’urgence la réalisation d’un tout-à-l’égout, la ville de Paris n’autorisant pas la réalisation de puisard, les habitants vident leurs eaux ménagères et autres dans les jardins ce qui occasionne des odeurs nauséabondes.

pétition

1955, une convention est signée entre la Ville de Paris, propriétaire de l’aqueduc et la Ville de Noisy-le-Sec afin de permettre la mise en viabilité et l’ouverture à la circulation publique sur toute la largeur de l’emprise de l’aqueduc, entre le chemin des processions et la ruelle Boissière (sur une longueur d’environ 760 mètres). Cette nouvelle rue permet d’assurer la liaison du quartier de la Boissière avec la route nationale.

Les travaux sont délicats à réaliser car il ne faut pas porter atteinte à la stabilité de l’aqueduc. Il faut aussi modifier les regards d’accès à l’aqueduc.

1960, la ville impose des restrictions de circulation car le sous-sol est instable. Les véhicules de plus de 3 500 kgs sont interdits.

arrêté

1971, construction du grand ensemble. Les habitants signent une pétition pour non respect du poids des camions. La rue s’affaisse, certains pavillons se fissurent.

1974, des travaux d’assainissement sont réalisés.

appel d'offres

sources : Archives municipales DR58 – www.ville-bagnolet.fr : « il était une fois l’aqueduc de la Dhuys »