Eugène Viollet-le-Duc, son parcours :

Il est né à Paris le 27 janvier 1814 dans un milieu aisé. Il est le le fils d’Emmanuel Viollet-le-Duc,  conservateur des résidences royales sous le règne de Louis-Philippe 1er. Sa mère Élisabeth Eugénie Delécluze, est  fille d’architecte. Elle tenait un salon où était reçu, entre autres, Stendhal.

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Eugène Viollet-le-Duc par Nadar

Au début des années 1830, un mouvement de restauration du patrimoine médiéval apparut en France. En 1840, Viollet le Duc est choisi, à l’âge de vingt-six ans, par la Commission des Monuments historiques, sur la proposition de Prosper Mérimée, pour diriger la restauration de la Madeleine, à Vézelay.

Vezelay - dessin des ruines de la façade par Viollet-le-Duc

Vezelay – dessin des ruines de la façade par Viollet-le-Duc

Durant les années suivantes, Mérimée lui fait donner toute une série de missions d’études à travers la France, notamment dans la Côte d’Or, l’Yonne, l’Aude, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, la Haute-Garonne, ainsi que la direction de nombreux chantiers.

Des travaux importants ne tardent pas à lui être confiés : ce sont ceux de l’église abbatiale de Saint-Denis, des fortifications et de l’église Saint-Nazaire, à Carcassonne, du château de Coucy, du château de Pierrefonds, etc.

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En 1843, il gagne le concours pour la restauration de Notre-Dame de Paris.

Elévation de la façade ouest, projet de Viollet-le-Duc

Elévation de la façade ouest, projet de Viollet-le-Duc

Il restaure  les remparts d’Avignon de 1863 à 1867,etc.

En 1872, il est chargé de la rénovation de la cathédrale de Lausanne en Suisse où il meurt le 7 septembre 1879 pendant les travaux de restauration.

Eugène Viollet-le-Duc et Noisy-le-Sec :

La guerre contre la Prusse est déclarée le 19 juillet 1870. Dix jours  après, le village de Noisy-le-Sec est évacué, la proximité des forts de Noisy et de Romainville rendant la situation très dangereuse. Les récoltes sont abandonnées.

En 1870, Viollet-le-Duc est responsable des fortifications durant le siège de Paris. Dans « Mémoire sur la Défense de Paris », qu’il écrira à la fin de sa vie, nous pouvons lire :

« Du côté du fort de Romainville, entre cet ouvrage et le fort de Noisy, des tranchées furent creusées sur l’arête du plateau, de manière à rendre toute surprise impossible. » C’est ainsi qu’à Noisy la plupart des arbres fruitiers qui couvraient le versant de la colline furent abattus et le pourtour du village fut crénelé pour le mettre en état de défense.

source, Gallica.bnf.fr

source, Gallica.bnf.fr

exemple de mur crénelé à Villemomble

exemple de mur crénelé à Villemomble

Ardent patriote, passionné d’architecture militaire, Viollet-le-Duc se porte volontaire  pour monter un bataillon de sapeurs. Le lieutenant-colonel Viollet-le-Duc montrera un courage et une ingéniosité exceptionnels durant les longs mois au front. Il commande un bataillon de 7 Compagnies de la Légion du Génie auxiliaire, attaché à la 2ème armée de Paris du général Tripier, commandant du génie, pendant la bataille de Champigny (du 28 novembre au 4 décembre 1870).

9 octobre 1870, dans son livre intitulé La Marine au siège de Paris, le vice-amiral Le Noury écrit « Aujourd’hui la ligne des forts est complètement reliée par des chemins couverts et des ouvrages. En arrière de la voie ferrée de Strasbourg des tranchées pratiquées par le génie ont un relief suffisant, elles couvrent d’une manière efficace les deux tiers de la plaine. M. Viollet-le-Duc, à la tête d’ouvriers auxiliaires du génie, a concouru très efficacement à ces travaux. »

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croquis de Viollet-le-Duc. En bas, à droite, le fort de Noisy

 

Après la fin du siège de Paris, il quitte la capitale. Il va cette année-là voyager en Italie et publier Mémoire sur la défense de Paris.

Il ne se remettra jamais de la défaite de la France, qui est pour lui le signe d’une dégénérescence nationale.

Et à Noisy-le-Sec ?

« Le 3o janvier 1871, à 7h 35 du matin, les portes de Paris furent ouvertes. Les Noiséens, qui s’étaient munis des laissez-passer nécessaires pour traverser les lignes allemandes, purent enfin revoir leurs demeures et mesurer l’étendue des dégâts ». Hector Espaullard, Noisy-le-Sec, village heureux, ville martyre.

1870 cuif laissez passer

Les Noiséens eurent à subir de lourdes réquisitions du fait de l’occupation allemande. Ce fut avec soulagement qu’ils assistèrent aux départs des troupes étrangères le 20 septembre 1871.