La CC 72077 appartient à la série de locomotives CC 72001 à 92, la plus puissante de la SNCF.
Le premier exemplaire a effectué ses essais sur le réseau Est en décembre 1967, pour la formation des
agents de conduite du dépôt de Rennes où elle fut affectée dès l’année suivante. Les CC 72000
devaient remplacer les dernières locomotives à vapeur de vitesse, les 241 P, qui finissaient leur carrière.
Les autres Diesel livrées à partir de 1963 pouvaient suffire pour les express moyens mais manquaient
de puissance pour les rapides lourds. Donc les 72000 étaient attendues.

De passage à Noisy.

La SNCF les répartit dans trois dépôts :- Chalindrey sur l’Est pour desservir essentiellement la célèbre
ligne IV Paris Mulhouse mais aussi Amiens Calais entre autres
-Rennes pour les lignes le Mans Brest, le Mans Nantes, Nantes Bordeaux Toulouse
-Vénissieux pour les lignes du complexe lyonnais non encore électrifiées et aussi celle dite du
« Bourbonnais » de Paris à Clermont Ferrand ainsi que la célèbre rampe des Sauvages vers Amplepuis
sur la transversale vers Nantes.
Aussi puissantes que les locomotives électriques les 72000 ont assuré avec brio les relais traction sur
les lignes non encore électrifiées à cette époque. Mais la construction des lignes à grande vitesse a
nécessité pour compléter le réseau TGV l’électrification de la plupart de ces dernières, réduisant les
parcours de nos grosses Diesel.
Ainsi en 1993, elles ne sont plus affectées qu’à Chalindrey (61 machines) et à Nevers (30 locos)
En 2003-2004, suite à des problèmes de pollution à Paris Est, trente d’entre elles reçoivent un moteur
PIELSTICK émettant 70 % de gaz carbonique et 80 % de particules fines en moins. Les machines
modifiées deviennent des 72100. Ainsi notre locomotive CC 72077 devient la CC 72177 numéro sous
lequel elle finira sa carrière. En 2007, quelques-unes seront cédées aux chemins de fer du Maroc.

La cc72177 à la gare de l’Est, 22 avril  2010

La fin officielle de la série se fera en 2017. La seule ligne Paris Mulhouse qui les avait vus naitre et où
elles roulaient encore, venait de recevoir des nouvelles rames automotrices. Conservées provisoirement
pendant le rodage de ces nouveaux matériels, les CC 72100 restantes ont alors cessé tout service. Un
dernier train officiel en provenance de Chalindrey a eu lieu le 28 aout 2017 au matin avec la 72186. Les
voyageurs eurent droit à une collation pour marquer la fin de ces locomotives qui n’ont plus lieu d’être
puisque les rares grands parcours non encore électrifiés sont désormais parcourus par des trains
automoteurs légers.

Caractéristiques :

La CC 72077 a été livrée le 6 janvier 1973 à Chalindrey. Elle a été baptisée le 20 octobre 1974 dans la
cour marchandises devant une foule nombreuse recevant sur ses flancs les couleurs et les noix de
Noisy le Sec. La tradition des baptêmes de locomotives à la SNCF remonte à juin 1973
Le 19 avril 2004 elle est devenue la 72177 avec un nouveau moteur. Elle a été radiée le 21 juin 2017
mais l’un de ses blasons a pu être sauvegardé.
Moteur d’origine AGO V 16 de 1350 tours par minute. Rapport d’engrenages des bogies permettant une
vitesse de 85 km/h pour le Fret et 160 km/h pour les voyageurs.
Munie d’un alternateur (par opposition aux autres Diesel qui n’ont qu’une génératrice)
Possède 35 crans de réglage pour agir sur le moteur diesel :
-1 à 6 de 670 à 910 tours/mn
-7à 9 990 t/mn
-10 à 13 1110 t/mn
-14 à 19 1230 t/mn
-20 à 24 1350 t/mn vitesse maximale de rotation du moteur
Les crans suivants agissent sur l’alternateur.
Il fallait anticiper la conduite par rapport au profil de la ligne. Exemple sur la ligne IV sur le revers des
côtes du Bassin Parisien en rampe de 8 mm/m impossibilité de passer un cran supplémentaire tant que
la lampe LSQT reste allumée, d’où une connaissance rigoureuse de la ligne pour maintenir l’horaire.

Christian Fonnet

Pour les passionnés, il existe un DVD.

 

Le baptême :

Le dimanche 20 octobre 1974 avait lieu, dans la cour marchandises de la gare de Noisy-le-Sec, le baptême de la locomotive diesel CC 72077 décorée aux armoiries de la ville de Noisy-le-Sec.

Deux marraines avaient été choisies, Mme Juliette Sémard, épouse de Pierre Sémard, homme politique et dirigeant syndical, et une pupille de la SNCF, Melle Cornuault, fille d’un agent tué au service. Les deux marraines dévoilent la plaque et l’hymne national est interprété en présence de M. Gouhier, maire de Noisy-le-Sec et M. Redempt, directeur de la Région Paris-Est. Egalement présents, M. Diamond et son épouse, maire de la ville d’Hebburn, jumelée depuis 10 ans avec Noisy-le-Sec.

Melle Sémard à droite et Melle Cornuault à gauche.

Prise de parole de M. Rédempt qui rappelle l’importance de Noisy : son triage, son dépôt, ses ateliers de réparation. M. Gouhier lui succède au micro : « sans doute serait-il prétentieux d’affirmer qu’il est naturel que Noisy-le-Sec ait une locomotive portant son nom. Pourtant, quel que soit l’endroit de France où l’on se trouve, qui ne connait le triage de Noisy-le-Sec ? Il nous fallait donc bien, une locomotive au nom de notre ville ! C’est donc chose faite …

Roger Gouhier, maire, pendant son discours, lors de la cérémonie qui s’est déroulée à la gare de marchandise.

Une plaquette a été éditée par la Ville à cette occasion.

Le retour de la plaque à Noisy-le-Sec :

Alerté par nos adhérents, M. Laurent Rivoire, maire actuel de la ville de Noisy-le-Sec, a tout mis en oeuvre pour un retour de la plaque. Ce fut chose faite le 18 avril 2019, où à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire du bombardement, la plaque a été présentée aux présents.

Bernard Boivin, à l’origine de la quête de la plaque.

 

La plaque, décorée aux armoiries de la Ville, est aujourd’hui accrochée dans le hall de l’hôtel de ville. Une plaque explicative sera prochainement ajoutée.