Tout d’abord un rappel des faits : dans la nuit du 18 au 19 avril vers 23 heures plusieurs centaines d’avions Alliés bombardèrent Noisy-le-Sec.

En moins de 25 minutes près de 3000 bombes d’un poids variant entre 250 et 500 kilos tombèrent sur la ville. Seulement 1/3 d’entre elles atteignirent leur objectif : le chemin de fer et la gare de triage.

Le bombardement a laissé une ville sinistrée à plus de 70% :

– 439 civils tués dont 46 enfants plus des aviateurs et des inconnus et entre 600 et  700 blessés

– 500 maisons totalement détruites et 2500 très endommagées ainsi  que presque tous les bâtiments publics.

bombardement.

vue aérienne après le bombardement, en haut à gauche l’ancien cimetière

source : Archives Municipales

L’Allée des Pavillons se situe entre les voies de chemin de fer et le Boulevard de la République, 18 personnes y ont trouvé la mort cette nuit là :

Au  no. 5

BAFFIE Ernestine 76 ans

BAFFIE Yvonne 54 ans

Au no. 6

PRADELLE Augustine 55 ans

La famille SUDAN, Jean 37 ans, Lucienne 32 ans, Jean Marie 11 ans, Lucien 10 ans, Nicolas 4 ans

Au no. 7

CHATENET Jeanine 4 ans

Au no. 8

BERTIN Maurice 39 ans, BERTIN Andrée 37 ans, sa femme, BERTIN Georges 16 ans, leur fils

Au no. 9

GIRARDOT Albert 70 ans, GIRARDOT Claire Rose 67 ans, sa femme, GIRARDOT Suzanne 41 ans, leur fille

Au no. 21

VANDER-ZWALM Marceau 39 ans

9 allée des pavillons bombardement

9 allée des Pavillons après le bombardement – source Pierre Romette

Le 19 avril  au matin des membres de la défense passive du 17e arrondissement sont à pied d’œuvre pour aider au déblaiement,  vers 11h 15 l’explosion d’une bombe à retardement fait 5 morts parmi eux. C’est pour les honorer qu’une plaque a été posée à la mémoire de ces 5 personnes.

défense passive

plaque allée des pavillons

Quelques mots sur la défense passive :

La défense passive consiste à protéger les populations en cas de guerre. Cette notion est née dans les années 1930 à la veille de la Seconde Guerre mondiale et comprenait essentiellement des mesures de protection en cas de bombardement en renforçant l’action des pompiers qui étaient en charge du matériel  et de son entretien :

– mise en place d’un réseau de surveillance et d’alerte (sirène) ;

alerte defense passive

– construction d’abris souterrains et recensement de lieux pouvant servir d’abris (métro, caves…) ;

– information et sensibilisation de la population (par voie d’affiches, de radio…) sur la conduite à tenir en cas d’alerte : extinction des feux, se diriger vers l’abri le plus proche (que l’on aura repéré avant), l’utilisation des moyens de protection individuels en cas d’attaque chimique

(gaz)…

La  plaque  de l’allée des Pavillons :

J’ai pu trouver les actes de décès de 3 d’entre eux  :

Joseph Marec, 35 ans, menuisier, né dans le Morbihan, domicilié à Paris 17e, 65 rue de Tocqueville

Louis Mengeot, 54 ans, mécanicien, né à Neuilly sur Seine, domicilié à Paris 17e, 63 rue de Lévy

Louis Pothin,  chapelier, domicilié à Paris 17e, 79 rue de Lamy

Sur la fiche dressée pour cette rue, nous pouvons lire  :

–  le 22 avril c’est la milice qui déblaie

– Le 23 avril c’est une équipe de pompiers de Pantin qui trouve 1 corps + 4 pieds + des débris humains

– Le 24 avril 10 hommes de la Bonneville dont le Chef était M. Combourg : 6 corps dégagés

– Le 25 avril : 8 corps dégagés

– Le 26 avril il est mentionné « il y a encore des cadavres »

– Le 27 avril « des cadavres pulvérisés »

Le 28 avril la rue est déclarée « Zone Rouge » c’est-à-dire inhabitable de jour et de nuit mais habitable de jour aux risques et périls des habitants.

Noisy-le-Sec  était répartie en 3 zones :

Zone libre habitable par les habitants de jour et de nuit à leurs risques et périls

Zone bleue habitable de jour aux risques et périls des habitants, inhabitable de nuit

Zone rouge comme décrite plus haut.

Je n’ai pas trouvé trace de la pose de la plaque aux Archives Muncipales. Pierre Romette a évoqué les années 1954-1955. Si un lecteur a une idée…

 

Chantal Boivin

source : Pierre Romette – Archives Municipales