HISTORIQUE

Au 19ème siècle, les femmes et les enfants sont les grands oubliés de la mutualité. Le caractère individuel de la cotisation incite les foyers à assurer le seul chef de famille, afin de bénéficier d’un revenu de remplacement en cas de maladie. En outre, les administrateurs mutualistes craignent les conséquences financières d’une ouverture à l’adhésion féminine : en raison des fréquentes complications médicales, les risques afférant à la naissance représentent un coût trop important pour les budgets modestes des mutuelles.

En 1892, le couturier parisien Félix Poussineau fonde la première mutualité maternelle afin de permettre à ses ouvrières d’interrompre leur travail pendant 4 semaines après l’accouchement et bénéficier de consultations et de médicaments gratuits. Les prestations sont liées au versement d’une cotisation mensuelle modeste de 25 centimes. (Salaire mensuel moyen : 15 francs)

 

Bientôt l’œuvre de Poussineau sera étendue aux travailleuses de diverses professions, ou à des adhérentes individuelles. Ce qui est le cas pour la mutualité de Noisy.

La mutualité maternelle à Noisy le Sec

Nous connaissons son histoire grâce au « Compte rendu des séances de bureau », livre acquis par notre association en 2019.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle est crée vers 1903, dépend de la mutualité maternelle de Paris. Les fondatrices sont Madame Lefriant et Madame Gantois, Madame Lefriant fêtera ses 90 ans en 36 et recevra les palmes académiques en 1937.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1932, Eugénie Gantois, sur ses genoux Denise                                           1936, Mme Lefriant, 80 ans

Vivien et à ses côtés sa soeur Colette.

Son but

Exposé fait en 1917 par le président M. Breuiller lors de l’accueil de nouvelles dames patronnesses dans lequel il expose dans les grandes lignes le but éminemment utile et d’une grande portée sociale que poursuit la Mutualité Maternelle le bien qui résulte de ses actions, l’esprit qui anime nos comités.

Il dit que c’est l’esprit de charité, c’est-à-dire l’altruisme, le sentiment qui porte un être à placer dans un autre but que soi, à venir en aide à ses semblables dans cette pensée profonde et vraie que le mal qui frappe l’un affecte tous les autres.

Qui dans ce monde misérable où chacun porte en son cœur une blessure qui saigne mettra en pratique si ce n’est vous, Mesdames qui êtes ici pour soulager la misère d’autrui et préparer la fraternité.

Il exalte avec complaisance les vertus féminines, il dit que les femmes de bien ont laissé dans le cours des temps une trainée lumineuse comme une poussière d’étoiles parce qu’elles ont été les agents les plus dévouées de cette charité qui aide et qui console.

Il émet des idées féministes en affirmant que si les femmes avaient une part dans le gouvernement de la chose publique, la douceur des mœurs y gagnerait beaucoup.

Il se félicite de pouvoir répondre victorieusement aux attaques des sots en mettant sous leurs yeux l’exemple vivant d’un groupement de dames qui tourne uniquement vers l’objet de la mission bienfaisante et féconde, à maintenir en son sein la concorde et l’union.

Il considère comme un grand honneur celui de présider un tel comité.

Il termine en disant que c’est un réconfort de voir s’épanouir au milieu de l’égoïsme universel qui désole le monde, les principes de bienfaisance et de dévouement.

Son organisation

La mutualité s’organise autour d’un bureau avec 1 président (e), 1 vice président (e), 1 trésorier, 1 vice trésorier et secrétaire. Elle regroupe les dames patronnesses qui sont les visiteuses auprès des jeunes accouchées.

La mutualité maternelle pour qui ? Elle s’adresse aux jeunes femmes noiséennes ayant payé une faible cotisation de l’ordre de 50 centimes par mois.

Ces femmes bénéficient d’une petite allocation, de visite à domicile des dames patronnesses qui leur apportent des conseils d’hygiène, d’éducation et de 2 consultations mensuelles assurées par un médecin assisté de dames patronnesses selon un tour de rôle établi à l’avance. Là les enfants sont pesés, auscultés et selon la situation des mamans peuvent bénéficier de bons de lait. Bons de lait achetés par la mutualité auprès de « l’œuvre du bon lait »représentant 40 litres par mois. Dans les années fastes de la layette peut également leur être distribuée

La mutualité maternelle occupe différents locaux, à partir de 1912, la mutualité loue un local, appartenant à M. Gantois au 40 rue St Denis (face au conservatoire actuel) dont une partie du loyer sera pris en charge dès 1917 par le siège social de Paris. En 1921 la mutualité déménage au 1 rue de la forge et s’agrandit en 1930 en occupant les locaux qui étaient affectés à la Bibliothèque communale toujours au 1 rue de la forge. Les nouveaux locaux comprennent une salle d’attente, un cabinet pour la doctoresse et une salle pour l’infirmière. Les dépenses d’aménagement et de réfection des peintures ont été supportées par le budget communal.

Sources de revenus : la subvention du siège de la Mutualité maternelle, la subvention annuelle du conseil municipal de 2000 francs (dont 1800 pour l’achat de layette), les cotisations modestes des jeunes femmes adhérant à la mutualité, les bénéfices provenant de souscription, de l’organisation de bal, de fêtes, de tombola, recherche de subventions, dons. Malgré tout cela l’équilibre financier est difficile à maintenir.

Revendication du docteur Laurent

Médecin de la mutualité depuis sa création. Par courrier il expose que l’association doit rémunérer ses fonctions. Le siège social dont dépend la mutualité décide de lui venir en aide en offrant au médecin consultant une somme de 10 cts par visite. Conscients de leur dignité et de leur valeur professionnelle cette proposition est jugée inacceptable par le docteur Laurent et ses confrères ; le docteur Laurent donne sa démission le 14 mars 1920 et ses confrères s’engagent à ne pas le remplacer.

Les manifestations

Organisation d’un concours de bébé. Sont inscrits comme candidats les enfants des adhérents à la société, mais aussi tous les enfants de la localité âgés de 3 mois à 2 ans. Le palmarès et la remise des prix ont lieu lors d’une fête enfantine, avec des attractions : un théâtre de guignol, un prestidigitateur, une vente de jouets et un buffet. Les prix distribués vont de 25 francs à 100 francs, Prix offerts par divers donateurs : L’union des femmes françaises, la municipalité de Noisy, l’union artistique, la Mutualité maternelle de Paris, l’école de jeunes filles Gambetta, le conseiller général ainsi que par de nombreux particuliers.

Les fêtes de Noël

L’arbre de noël a lieu tous les ans à partir de 1922 (d’après les comptes rendus), dans la salle des fêtes de la mairie le plus souvent. L’ouverture de ces fêtes se fait toujours en grande pompe, avec la Marseillaise jouée par l’union musicale, les discours des personnalités présentes. Les enfants n’ont qu’une envie, que tout ce beau monde se taise et que la distribution des jouets et friandises commence. A ces jouets sont également distribué de la layette tricotée, des brassières, tabliers réalisés par les jeunes filles de l’école Gambetta sous la responsabilité de Mme Lavigne, directrice.

Le père noël fait même son apparition et est accueilli par des petites filles chantant : « bon vieux noël, viens, viens ». Rien n’est perdu, la robe du père noël faite de flanelle blanche sera transformée en nombreuses brassières.

1924

Ces fêtes seront par la suite instituées également dans les sociétés locales, et les écoles.

Les temps devenus difficiles, la fête de noël en 1927 fut réduite à sa plus simple expression, c’est dans la salle des pesées qu’eut lieu la distribution attendue des tabliers, layettes et friandises.

Les fêtes travesties

Bal d’enfants travestis, offert par la maison « Au Baby » plusieurs années de suite.

Les enfants déguisés en petit Poucet, marquis, marquise, mousquetaire, pages, diablotins, paysan, …

Les bénéfices de ces fêtes seront utilisés pour l’achat de layette.

Conclusion

Les mutualités ont joué un rôle précurseur dans la création de la sécurité sociale, des assurances maladies et maternité et à partir de 1945, elles ont laissé peu à peu la place aux centres de protection maternelle.

 

Claude Chedal