Au Nouveau Cimetière, situé rue de la fontaine, le Carré du Souvenir est consacré aux victimes de la guerre : victimes civiles du bombardement, fusillés, déportés et militaires.

Dans cette première partie , nous parlerons du Carré militaire.

SENS DES CARRES MILITAIRES COMMUNAUX

Dans les civilisations antiques, grecque et romaine en particulier, l’inhumation des soldats morts au combat est prise en compte.  Des cénotaphes – c’est-à-dire des tombeaux vides – à la mémoire des hommes tués en terre étrangère sont élevés. Les légions romaines enterraient leurs morts, soit individuellement, avec des pierres tombales, soit dans des tombes collectives au lendemain des grandes batailles.

Le XVIIème siècle (guerre de Trente Ans) est marqué par le non respect à l’égard des soldats tués. Les mercenaires dépouillent les cadavres, achèvent les blessés sur les champs de bataille et les laissent en pâture aux corbeaux.
Les guerres napoléoniennes marquent le passage à la mort de masse. La pratique dominante est alors celle des fosses communes, où l’on jette, pêle-mêle, les hommes de son camp ou du camp ennemi. Plusieurs de ces fosses sont périodiquement retrouvées.
Au XIXème siècle apparaissent les cimetières militaires tels que nous les connaissons. Leur constitution est liée à la conscription (née de la Révolution française), qui implique l’ensemble de la nation et chaque famille en particulier. Le monde occidental accorde désormais une place importante à chaque individu.  www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.Yves le Maner, directeur.

Guerre franco-prusienne de 1870-1871
Les officiers sont pour la plupart inhumés dans des tombes individuelles, les simples soldats des deux camps furent, en règle générale, enterrés dans des fosses communes à proximité des champs de bataille ; fréquemment, Français et Prussiens étaient mêlés dans les ossuaires.

10 mai 1871 traité de paix de Francfort, article 16 : « les deux gouvernements français et allemands s’engagent réciproquement à faire respecter et entretenir les tombeaux des soldats ensevelis dans leurs territoires respectifs. »

4 avril 1873 : loi régissant les sépultures des belligérants (cession à l’Etat des terrains des cimetières communaux qui servent à l’inhumation des soldats) : entretien du terrain = Etat et entretien des tombes = municipalité ou association
Pour la première fois, apparaît la notion de « droit au repos permanent » des soldats morts pour leur patrie.

Délibération du 7 février 1880 : « .. comme il n’y a qu’une seule concession, cet entretien sera si peu dispendieux qu’il décide que les soins à donner à cette tombe, à l’entourage et au petit monument élevé aux frais de la commune sur l’emplacement acquis par l’Etat dans le  cimetière de Noisy-le-Sec, seront à la charge de ladite commune » (ancien cimetière).

Sur le monument on lit l’inscription « A la mémoire de cinq soldats Français tués devant l’ennemi Guerre de 1870-1871 ». Ce monument a été transféré au nouveau cimetière en 1952 lors du regroupement des tombes militaires.



La première guerre mondiale, 1914-1918.

Au début du conflit, les sépultures individuelles sont réservées aux chefs de guerre. Les simples soldats sont inhumés dans des monuments ossuaires, puis sous la pression des poilus, le respect dû aux morts évolue.

Loi du 2 juillet 1915 article 1er : « L’acte de décès d’un militaire des armées de terre ou de mer, tué à l’ennemi, mort de blessures ou de maladies contractées en service commandée ou encore des suites d’accidents ou à l’occasion du service en temps de guerre, devra, sur avis favorable de l’autorité militaire, contenir la mention « mort pour la France ».


Des familles entameront des démarches afin que les corps de leurs soldats défunts leur soient restitués et honorés dans le cadre de la sépulture familiale.

Sur les tombes, les décorations militaires s’affichent comme une ultime fierté.







La guerre de 1914-1918 suspend toute vie normale à Noisy-le-Sec qui se trouve situé dans la « zone des armées » et dont la gare régulatrice revêt une importance considérable.

La commune organise, une ambulance, une infirmerie (1bis rue de la forge – actuellement La Galerie).

Les  sénateurs de la Seine accordent une subvention de 5 000 francs pour soutenir cette initiative.

L’infirmerie devient un hôpital d’évacuation qui sera classé hôpital militaire (H.O.E). Les hôpitaux d’évacuation, sont des centres situés à l’arrière du front, où l’on amenait les blessés pour les répartir ensuite dans les hôpitaux de l’intérieur.La capacité de l’H.O.E de Noisy-le-Sec est de 30 à 150 malades ou blessés.

L’hôpital de Noisy-le-Sec enregistra 138 décès. 52 en 1916, 22 en 1917 et 55 en 1918 : source Hector Espaullard, tome 2, non publié.

A la fin du conflit, 500 Noiséens sont déclarés « Morts pour la France »

18 avril 1944 : L’ancien cimetière est ravagé par le bombardement. Les tombes militaires sont très endommagées.

Délibération du Conseil Municipal en date du 30 novembre 1951 : « Il (Monsieur le Maire) a attiré l’attention de M. Le Ministre des Anciens Combattants sur la nécessité de procéder au regroupement à l’ancien cimetière de 76 tombes militaires d’Etat de la guerre 1914-1918. (…) que par sa lettre du 7 septembre 1951, M. le Ministre lui a fait connaître que le regroupement (…) ne pouvait être envisagé à l’ancien cimetière, mais qu’il était souhaitable de transférer les tombes au Nouveau cimetière. L’emplacement retenu, se trouve dans le carré des victimes de guerre en arrière des tombes existantes. »

Les opérations d’exhumation, de transfert et de réinhumation se déroulèrent le 11 mai 1952.

Carré militaire pris en charge par la Ville. Les tombes sont entretenues par la commune et le Souvenir Français. Le SOUVENIR FRANÇAIS est une association créée en 1887 et reconnu d’utilité publique depuis 1906. Sa devise est « A nous le souvenir, à eux l’immortalité »

La deuxième guerre mondiale.

Le Conseil Municipal décide de « réserver au Nouveau Cimetière un emplacement pour le regroupement des Victimes de la guerre.. Aucun monument détruisant l’uniformité et la simplicité de ces sépultures ne pourra être érigé ».

Les familles peuvent demander la restitution du corps à titre gratuit ou le bénéfice de la sépulture perpétuelle entretenue aux frais de la commune.