Introduction :

On trouve en Chine les premières cloches en bronze vers 4000 ans avant Jésus-Christ remplaçant « les pierres sonores ». Un carillon de 65 cloches existait dès le 5ème siècle avant Jésus-Christ.

A Rome, on sonnait les cloches pour accueillir les réponses des oracles, avertir de l’heure des bains , des repas et des marchés, puis, à partir du 5ème siècle, pour appeler les fidèles aux assemblées religieuses.
La tradition veut que ce soit Saint Paulin de Nole (353-431) qui installe les premières cloches dans les églises. Il est évêque de Nolas, en Campanie d’où le nom de campanile attribué à ces clochers.

Paulin de Nole d’après un vitrail de la cathédrale de Linz (Autriche)

Dans les couvents, on distinguait 5 sortes de cloches : celle du réfectoire (squilla), du cloître (cymbalum), du chœur (nola), du clocher (campana) et des tours (signum).

Au Moyen-Age, les cloches banales des beffrois avertissaient les habitants des évènements de la cité et des dangers. Lorsqu’une ville était occupée militairement , les habitants devaient racheter les cloches (il faut noter que le fait était sans doute tombé en désuétude mais que Napoléon en rétablit l’usage lors de la prise de Dantzig).

Bénédiction et baptême des cloches : la coutume fut établie sous Jean XIII (965-972). Un évêque exorcise, bénit le sel et l’eau, lave par aspersion le dedans et le dehors, puis fait 7 onctions en forme de croix au dehors avec l’huile des infirmes et 4 autres en dedans avec le Saint Chrême (mélange d’huile végétale naturelle et de parfums, destiné à l’onction et utilisé dans le baptême, la confirmation et l’ordination qui sont des sacrements chrétiens).

On trouve des cloches dans toutes les civilisations et toutes les religions.

Composition : les cloches sont en bronze soit 78% de cuivre et 22% d’étain. D’autres alliages et introduction de divers métaux ont été testés mais cela reste confidentiel.

En France, on compte 250 000 cloches (quand on regroupe églises et horloges) dont 9000 datent d’avant la Révolution et 6000 sont classées monuments historiques. A noter que sous la Révolution, 100 000 furent transformées en monnaie ou en canons.

On trouve en Bretagne , à Locronan et Saint Pol de Léon, des cloches datant du 6ème siècle. A Paris, celle de Saint-Merri date de 1331.

La plus grosse cloche de France est la Savoyarde du Sacré-Cœur. Elle pèse 18 835 kg et fut fondue en 1891 par la fonderie Pacard.

Il reste 3 fonderies de cloches en France : Pacard à Annecy, Cornille-Harvard à Villedieu-les-Poëles dans la Manche. La fonderie Bollée autrefois située à Orléans est désormais en consorsium avec Voegelé à Strasbourg.

Il existait 86 fonderies au milieu du 19ème siècle et 35 au début du 20ème. A noter qu’en 1988, on a produit 627 cloches d’un poids moyen de 180 kg.

Cloches et clochers à Noisy-le-Sec :

Eglise Saint-Etienne :

Le premier document certain concernant l’existence de Noisy-le-Sec en tant que paroisse date de 992.

En 998, Renaud évêque de Paris donne un autel à Saint-Etienne de Noisy dont les titulaires étaient l’abbaye de Saint Maur.

L’église primitive est reconstruite –vers le 13ème siècle et restaurée à la fin du 16ème.

Au 13ème et 14ème, le clocher s’élève sur le côté nord (on ne connaît pas son style). Vers 1550, le clocher est très élevé avec une haute flèche en charpente couverte d’ardoises, puis vers 1602, l’abbé Leboeuf parle d’une tour en forme de pavillon couverte d’ardoise moins élevé qu’autrefois.

On note que le 16 septembre , il est fait défense au carillonneur de carillonner des airs dissolus !

Le 14 avril 1665, le clocher est évoqué lors de l’enterrement de Jacqueline Maucint, veuve de Denis Gouillard.
En 1684, le 5 septembre, est passé commande de 2 cloches à Florentin Le Guay, maître fondeur. Elles seront bénies le 15 janvier 1685, sous le curé J. Brière « Le 15 janvier 1685, a été faite par moi, curé de ce lieu, la bénédiction de la grosse cloche nommée au nom de Sainte-Marie et Saint-Henri, par Monsieur Henri de Baut, seigneur de Sainte –Frique et par Madame Marie Geneviève Lemoine femme de Maître Jacques Pic, conseiller à la Cour des Aides et seigneur de Merlan, et la 2ème cloche des Saints Jacques et Saint Gyles, nommée par Monsieur Jacques de l’Hommeau, sieur de Fidernal et Madame Gylette Mereade, femme de Robert Doleau, marchand à Paris » (1er document authentique des archives de Noisy).

L’église Saint-Etienne avant 1698 (source Hector Espaullard)

Malheureusement, sans doute par manque d’entretien (où est-ce que les cloches étaient trop lourdes ?) , le clocher menace ruine. Il est décidé de le détruire comme en témoigne un document authentique conservé aux archives municipales.

« Au mois de septembre 1698, a été abattu le clocher de Noisy, ayant 10 toises de maçonnerie, depuis le pied jusqu’à l’entablement et une belle flèche couverte d’ardoises de 10 toises de haut (près de 40 m). Celui qui a été établi est en forme de pavillon plus modeste et a coûté plus de 1000 livres avec deux piliers qui ont été aussi rétablis. C’est le pilier où est la chaire et l’autre pilier proche de la grande porte ». (écriture du curé Brière).

Une tradition prétend que du faîte de ce clocher , on voyait par dessus la colline, la pointe de celui de Montreuil (qui était alors plus élevé qu’aujourd’hui).

Ce clocher possédait une sonnerie plus complète. On trouve dans les registres de la prévôté de Saint-Maur , certaines sentences réglementant les sonneries : par exemple en 1780 M. de Mauperché a droit dans les statuts d’être sonné pendant 40 jours après sa mort ou celle de son épouse, en payant toutefois aux sonneurs leurs salaires.

1744 donation d’une cloche par Benigne le Ragois de Bretonvilliers.

1755 bénédiction d’une nouvelle cloche : «  le 22 mars , la grosse cloche de cette paroisse a été bénie par moi, curé et a été nommée Louise Suzanne » (curé Julien).

Mais, lors d’un inventaire dressé en 1811,  il n’est noté qu’une seule forte cloche de ton « mi », restant dans le clocher.

A ce moment, l’église est en très mauvais état et le toit donne lieu en 1812 à des réparations urgentes.
Le 19 août 1815, l’édifice menaçant ruine de toutes parts, un arrêté préfectoral en prescrit la fermeture provisoire (archives de la Seine). A force de les laisser trainer, les réparations indispensables faisaient exploser le budget d’où une période d’incertitude quant à l’utilisation de l’église.

Le 23 mai 1822, furent enfin approuvés les plans de reconstruction. La 1ère pierre fut posée le 20 mai 1823 par le comte de Chabrol et bénie par Mgr de Quelen, archevêque de Paris.

En 1830, l’édifice était déjà terminé depuis plusieurs années, lorsque eut lieu la bénédiction d’une belle cloche du poids de 1500 kg, nommée Marie-Antoinette par M. Antoine Mala, maire de Noisy (gendre de M. Tripier) et Mme Marie Louise comtesse d’Auxy, Messieurs Delacourt et Blaise Maheut , alors adjoints et Messieurs Etienne Nicolas Espaullard, Pierre Louis Cochu, Jean Pierre Durin et Etienne Jean Espaullard fabriciens.

Le 17 juillet 1864, la paroisse de Noisy est encore en fête . On procède à la bénédiction de 3 nouvelles cloches en présence de Mgr Jancard évêque de Cérame et d’un nombre de notabilités . On peut lire dans un opuscule de l’époque :  La paroisse de Noisy a déployé dans ces dernières années un grand zèle pour la restauration et la décoration de son église… En ont fait un lieu digne de sa destination aussi propre à édifier qu’à plaire. Encouragés par ce résultat de leurs effort, les habitants ont voulu aller plus loin et compléter leur sonnerie en ajoutant 3 cloches à la 1ère, très belle, qu’ils possédaient déjà. Une souscription a été ouverte et les 9/10 des paroissiens y ont pris part, les moins fortunés n’y sont pas demeurés étrangers et ont mérité l’éloge décerné par Notre Seigneur à la pauvre veuve de l’Evangile, comme elle, en donnant de leur pauvreté, ils ont mis plu que plusieurs autres. Cette souscription a produit en peu de jours une somme suffisante pour acheter la plus grande des 3 nouvelles cloches. La Fabrique (ensemble des gestionnaires de la paroisse) s’est chargée de fournir une seconde et la confrérie du Saint Sacrement donne la 3ème.

La première de ces nouvelles cloches pesant 1 170 kg et sonnant le ré dièse est dédiée à Saint-Etienne, patron de la paroisse, dont elle porte l’image avec cette double inscription (en latin). « La voix du Seigneur est pleine de force : la voix du Seigneur est pleine de majesté. Saint-Etienne rempli de grâce et de force. »

De l’autre côté on lit l’inscription suivante «  L’an du Seigneur 1864 , le dimanche 17 juillet j’ai été donnée à ‘église de Noisy-le-Sec par la libéralité des paroissiens, bénite par Mgr Sancard évêque de Cérame et nommée Etiennette – Robertine – Emilie par Robert Albert Ferdinand, comte de Mum et Madame la Baronne Emilie de Ladoucette épouse de M le baron Charles de Ladoucette, sénateur, François Victor Duby était curé de la paroisse, Monsieur Gautherin, maire et Messieurs Mornieux et Abel Bonnevalle, adjoints

La seconde cloche, pesant 842 kg et sonnant le mi dièse est dédiée à Notre-Dame de l’Annonciation et doit être la cloche de l’Angélus. Elle porte d’un côté le mystère de l’Annonciation avec ces mots « Ave Maria Gracia Plena » et de l’autre l’inscription suivante : «  L’an du Seigneur 1864, le dimanche 17 juillet, j’ai été donnée à l’église de Noisy-le-Sec par l’administration fabricienne, bénite par Mgr Sancard , évêque de Cerame et nommée «  Marie-Annonciade Françoise Adrienne par François Mornieux, 1er adjoint et Mme Adrienne Callou-Depille, sœur de Monsieur Claude Adrien Depille, ancien curé de Noisy-Sec membres du conseil de Fabrique, Messieurs Blaise Cochu, président, Charles Durin, trésorier, Eugène Espaullard, Jean-Marie Dinault et Jean-Pierre Blancheteau.

La 3ème cloche pèse 623 kg et sonne le fa dièse. Destinée à annoncer les messes journalières, l’élévation des grands messes et la bénédiction du Saint Sacrement, elle est dédiée sous l’invocation du Saint Sacrement et porte l’empreinte d’un ostensoir avec deux anges adorateurs et cette légende : « Adoremus in Acternum Sanctissimum sacrementum ». De l’autre côté on lit : « l’an du Seigneur 1864, le dimanche 17 juillet, j’ai été donnée par la confrérie du Saint Sacrement et nommée : « Antonine Angeline du Saint Sacrement » par Antonin Espaullard et Mademoiselle Angeline Lime.

En 1868 eut lieu la bénédiction d’une nouvelle grosse cloche coulée avec la matière de l’ancienne datant de 1830 qui ne se trouvait pas en harmonie avec les 3 récentes.

Voici l’inscription que porta désormais cette grosse cloche. «  Sous le Pontificat de Pie IX et le règne de Napoléon III, Mgr Georges Darboy étant évêque de Paris, j’ai été bénite par M. Casimir Alexandre Henry de Berranger, curé de Noisy-le-Sec et nommée «  Eléonore Valentine Eulalie. » par Valentin Narcisse Cochu, capitaine au 31ème bataillon de la Garde Nationale de la Seine mon parrain et Sophie Elisabeth Eléonore Danquechin, femme Nicolas ma marraine. Je passe la liste de tous les témoins, maire, adjoints, fabriciens, marguilliers… Fondeur Dubuisson Gallois, à Paris 1868.

Lors de la guerre de 1870, le 29 octobre, le conseil municipal de Noisy, écrit au Président du Gouvernement de la Défense Nationale une lettre pleine de foi patriotique, directement issue de l’éloquence révolutionnaire.

« Au citoyen Président du Gouvernement de la Défense Nationale, le conseil municipal de Noisy-le-Sec, le conseil de Fabrique et la Garde Nationale de cette commune, consultés à cet effet, laquelle vient de souscrire au désir exprimé par les dits conseils par une adresse signée à l’unanimité et conçue dans les termes ci-après : les gardes nationaux de la commune de Noisy-le-Sec partageant au plus haut degré les sentiments de patriotisme qui animent le conseil municipal et l conseil de fabrique de cette commune ;

considérant que les 4 cloches composant la sonnerie de l’église de Noisy-le-Sec ne sont point indispensables pour le service religieux, et qu’une seule peu suffire

considérant que 3 de ces cloches ont été acquises avec le produit d’une souscription volontaire à laquelle ils ont tous coopérée

Déclarent que ces cloches, selon le désir exprimé par le conseil municipal et le conseil de fabrique seront offertes en leur nom, comme au nom dudit conseil, au Gouvernement de la Défense Nationale pour la fabrication des canons.

Le conseil municipal et le conseil de Fabrique considèrent que les sentiments exprimés par les gardes nationaux sont unanimes entre tous les habitants de la commune.

En conséquence, ils prient le citoyen président du gouvernement de la Défense nationale de bien vouloir accepter trois cloches de la sonnerie de la commune de Noisy le Sec pour la fabrication de canons.
Salut et fraternité. »

Il n’y eu aucune suite à cette adresse et les cloches restèrent dans le clocher de Noisy -le-Sec.

Elles vont y rester jusqu’à la seconde guerre mondiale. Mais lors du bombardement de la ville le 18 avril 1944, le clocher est endommagé puis détruit, les cloches sont récupérées et déposées près de l’église (puis à l’intérieur).

En 2004, la municipalité décide la réinstallation des cloches, non pas dans un clocher, mais sur une structure de métal vert et de béton, située sur un talus près de l’église. Après 4 mois de restauration, elles sont mises en place en octobre 2004.

Le transfert des cloches en octobre 2004. Sur la dernière photo, on peut reconnaitre à l’arrière plan l’ancienne gendarmerie, remplacée aujourd’hui par le centre administratif. (source Archives municipales.)

Les cloches sur le talus extérieur.

A noter que dans les années 1920, le journal paroissial s’appelait « Cloches noiséennes ».

Eglise Saint-Jean Baptiste :

De1911 à 1913, la Compagnie de Chemins de Fer de l’Est construit d’importants ateliers sur la commune de Noisy-le-Sec. L’augmentation du chiffre de la population a donc nécessité la construction d’une chapelle dans le quartier de la Gare.

Elle fut consacrée Chapelle Saint-Jean-Baptiste le dimanche 16 mars 1913, jour des Rameaux par le Vicaire Général Gustave Lefebvre.

27 juin 1926, la Chapelle est érigée en paroisse par une ordonnance du Cardinal Dubois. 1928 : demande pressante du curé Paul Chaumont : la chapelle Saint-Jean-Baptiste est beaucoup trop petite, il nous faut une véritable église.

C’est en 1929 que commença l’édification de l’église. La première pierre fut posée le 23 juin 1929 par Monseigneur Crespin, évêque auxiliaire de Paris. Les financements manquant, des transformations furent apportées au plan d’origine. Le haut clocher fut abandonné et la façade principale dut être remplacée par une façade provisoire.

Le 11 janvier 1931, l’église, inachevée, fut inaugurée par le Cardinal Jean Verdier Archevêque de Paris. Cet évènement, prévu le 9 novembre 1930, n’avait pu avoir lieu à cause des dégâts causés à l’église par un violent orage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle fut placée dans un clocheton “provisoire”, bâti de pierre et de bois, édifié dans un coin du mur entourant l’église.

 

1976, un accord avec la Chancellerie, le Diocèse et les Chantiers du Cardinal pour le financement des travaux va permettre l’achèvement du porche.

1978, la façade est définitivement terminée. La cloche a trouvé sa place dans la petite construction accolée à l’église, au-dessus de la descente de la crypte. Aujourd’hui électrifiée,elle sonne les moments importants de la vie paroissiale.

Le parvis sera réaménagé plus tard par la ville.

D’autres cloches ont existé dans Noisy, celle de la mairie où celles des écoles, mais cela est une autre histoire…

Paule Bergé.