Témoignage de Françoise Royet, recueilli le 25/02/2019 par AM Winkopp.

La famille Duthy est venue s’installer à Noisy-le-Sec vers 1930, le grand père est ferronnier d’art et la grand-mère sert dans les cantines scolaires de la ville. Ils demeurent dans un pavillon au 22 ter allée Duquesne.

Le fils, Raymond, est ajusteur au dépôt de Noisy. Il se fiance en mai 1940. Il est démobilisé en juin de la même année ; il faisait partie du bataillon de l’air 122 au grade 2ème classe.

1940, 22 ter allée Duquesne. de droite à gauche, le grand-père, la grand-mère, Raymond, sa future femme et sa future belle-mère.

Raymond Duthy se marie en septembre 1942 et emménage avec son épouse le 1er octobre 1942 au 57 rue Jean Jaurès dans un logement situé au 5ème étage.

La nuit du 18 avril 1944, Raymond est au travail (STO à la gare de Noisy). Sa femme, enceinte, hésite puis décide de rejoindre un abri situé dans une cave, ce qu’elle ne faisait qu’occasionnellement. Elle emporte avec elle un sac dans lequel sont gardés tous les documents importants du jeune couple.

De leur côté les grands-parents quittent leur pavillon de l’allée Duquesne et se réfugient dans une cave avoisinante.

Le 22 ter allée Duquesne et le 57 rue Jean Jaurès seront totalement détruits par les bombes alliées. Les deux couples seront sinistrés à 100%.

Les grands parents Duthy devant les ruines de leur pavillon au 22 ter allée Duquesne

La grand-mère racontera à Françoise qu’à la sortie de la cave, tous étaient hagards et désorientés. On cherchait un voisin, un ami…

Le 57 rue Jean Jaurès, emplacement actuel de la BNP.

La maman de Françoise Royet devant l’immeuble détruit.

Après le bombardement, les deux couples trouvent asile dans le village d’origine de la grand-mère Mont-Saint-Père près de Château Thierry, où ils sont hébergés gratuitement par le maire du village dans un grand élan de solidarité. Françoise naîtra à Château Thierry.

Raymond Duthy se livre à quelques actes de sabotage sur les voies ferrées près de Château Thierry.

De retour à Noisy-le-Sec, à l’été 1945, les deux couples bénéficient d’un baraquement américain en bois.

Puis le jeune couple et le bébé sont logés, au 121 avenue de la République à Bondy dans un logement réquisitionné le 4 février 1946. L’appartement est un trois pièces avec cuisine, anti chambre, cabinet de toilettes et cave. Le logement est meublé, heureusement car le jeune couple a tout perdu. Ce n’est que le 14 novembre 1956, soit 12 ans après le fait de guerre, que la famille percevra une indemnité mobilière (le dossier de dommage ayant été déposé le 8 décembre 1953).