Depuis l’Antiquité en Occident, en Afrique et en Asie, il y a toujours eu des spécialistes pour les soins des cheveux et de la barbe mais le métier artisanal de coiffeur a beaucoup évolué au cours des siècles.

Au Moyen Age, le « coiffeur » est barbier, baigneur, étuviste, dentiste et chirurgien (pour des actes de petite chirurgie seulement) . Il a son échoppe où sont vendus parfums, huiles et savon…

Puis sous l’Ancien Régime (aux XVIIème et XVIIIème siècles), le barbier recouvre 3 métiers différenciés : le barbier, le barbier-perruquier (qui deviendra le coiffeur), le barbier-chirurgien.

Sous Louis XIV et Louis XV, se développe l’usage de la perruque avec ses poudres et ses pommades. Coiffeur de la Reine Marie-Antoinette, Léonard est célébré pour ces perruques très hautes et très originales incluant des objets insolites. A la Révolution, la corporation des coiffeurs est dissoute et il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour voir se développer un intérêt croissant pour les soins des cheveux.

Léonard

A cette époque, la profession de coiffeur évolue : les salons de coiffure sont créés, des innovations techniques et chimiques permettent les teintures, les colorations et surtout la permanente inventée par K.Nessler en 1906 et reprise puis développée par J.Mayer et Gabriel Peyrole dans les années 1930.

Camion de l'indéfrisable Peole

Camion de l’indéfrisable Peyrole

Salon de coiffure dans les années 1920

Salon de coiffure dans les années 1920

Quelques grands noms de la coiffure au 20ème siècle :

– ANTOINE (1886-1976) ouvre son premier salon à Paris en 1912. Il crée la coupe à la «Jeanne d’Arc ». Il coiffe nombre d’actrices telles Sarah Bernardt ou Joséphine Baker.

– ALEXANDRE DE PARIS, appelé le Prince de la Coiffure travaille d’abord chez ANTOINE, puis ouvre son 1er salon en 1945. ALEXANDRE est le roi du « chignon artistique ». Il coiffe tout le Gotha des années 50-70 : princesses et actrices.

– LES SOEURS CARITA, filles de réfugiés espagnols, ouvrent leur 1er salon en1945 . Ce sont les seules femmes célèbres de la profession . En 1967, elles ouvrent un salon pour « la beauté au masculin », fréquenté par Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé.

– JACQUES DESSANGE invente « le coiffé-décoiffé ». Il crée des salons un peu partout en France. Il est le coiffeur attitré des grands couturiers dans les années 70.

– JEAN-LOUIS DAVID crée la coupe du « dégradé ».Il installe des franchises en France et dans le monde entier.

– FRANCK PROVOST élu meilleur coiffeur en 1976, inaugure dans ses salons la formule de la journée continue, sans rendez-vous . Il coiffe aussi les actrices comme Romy Schneider ou B.B.

Les coiffeurs à Noisy-le-Sec :

Il y a toujours eu beaucoup de coiffeurs à Noisy. D’après l’indicateur «  Bijou », annuaire du commerce d’autrefois : en 1956 : 21 coiffeurs – en 1969 : 29 coiffeurs.

coiffeur personnage

1900, coiffeur sur le pas de sa porte à Noisy (adresse inconnue)

En 2018, on en compte vingt-quatre. C’est moins qu’en 1969, alors pourquoi cette impression de surabondance ? Leur concentration sur les deux axes principaux en est la raison : onze, rue Jean-Jaurès (autrefois seulement trois ou quatre) et cinq boulevard de la République (deux auparavant).

1930 Turlin coiffeur

Il en reste huit : un, rue de Merlan, un, rue Burger, un rue Frépillon, un avenue Galliéni, un avenue de Rosny et trois, coiffeuses à domicile.

1938 Roland coiffeur

Autrefois, il y avait relativement peu de coiffeurs rue J.Jaurès, mais tout un maillage de salons dans Noisy : de l’avenue de Brazza (aujourd’hui Pierre-Kérautret) à la route de Stains en passant par la rue A-France, la rue de Brément , l’avenue Galliéni, la rue Henri Barbusse, le square Stéphenson, la Boissière, la rue Saint Denis, la rue de Merlan ou celle de la Fraternité ; salons presque tous disparus.

coiffeur rue st denis

Germaine coiffure pour dames

coiffeur + perruque

Boulevard de la République

Salon boulevard de la République, existant au moins depuis 1926 (en dernier Tony coiffure)

Salon boulevard de la République, existant au moins depuis 1926 (en dernier Tony coiffure)

Quelques lieux cependant perpétuent, malgré tout, l’activité traditionnelle de la profession depuis des dizaines d’années : au 55 rue J.Jaurès (« Athéna ») et boulevard de la République :  » Soleil ». « Tony coiffure »(ce lieu existe depuis au moins 1926) . En revanche, signalons quatre salons, eux aussi de longue tradition disparus, assez récemment  :  « Les Ciseaux d’or », place Jeanne d’Arc, « Armand Coiffeur » au 3 rue A-France , le 110 Bd Michelet , et « Mady » au 25 Boulevard Gambetta qui vient de fermer.

Ainsi la plupart des coiffeurs actuels sont-ils récents et généralement indépendants : un seul salon franchisé : le Jean-Louis David du boulevard de la République (fermé en septembre 2018). Il a existé, rue Jean Jaurès, un salon Saint-Algue aujourd’hui remplacé par un coiffeur indépendant.

coiffeur ?

Quelques célébrités noiséennes :

– Au 3 rue Anatole France, »Armand, le coiffeur jeune qui coiffe jeune » où Armand et Danièle Rollinat exerçaient depuis 1944. Ils succédaient déjà à un coiffeur lui-même installé depuis longtemps et après les années 90, ils auront trois successeurs jusqu’en 2016 : c’est aujourd’hui une laverie. Dans les années 60-70, le succès d’Armand est sa célèbre coupe au rasoir dont la réputation allait au-delà de Noisy, à sa grande fierté.

Salon de la Mairie, 3 rue Anatole France

Salon de la Mairie, 3 rue Anatole France

Armand coiffeur

– Au 73-75 rue J. Jaurès un autre « Armand, coiffeur-visagiste » (avec activité d’esthétique, manucure et épilation) dans les années 80.

– Au 1 bd. Gambetta , à l’angle de la rue J.Jaurès à l’emplacement de la boucherie Marzouk, le salon de coiffure « Roger » (maison Tétaud) était important et très réputé.

1930 Roger coiffeur

– Au 15 av. de Brazza (aujourd’hui Pierre-Kérautret), depuis les années 50, M. Commentale tenait un salon déjà apprécié. Son association avec Jean Mazeaud, »meilleur Ouvrier de France » et « Champion du monde », donnera au salon, agrandi, une plus grande réputation encore.

– rue de la Fraternité, le salon de coiffure de Madame Guerre dont Mauricette, sa fille, prendra la suite.

Ces dernières années, le métier de coiffeur a évolué : le régime d’auto-entrepreneur a favorisé la pratique de la coiffure à domicile. La profession est fortement féminisée (à 81%) ; elle est jeune, l’âge moyen est de 38 ans . 87 % des coiffeurs qui s’installent, ont au moins 5 ans d’expérience et 79 % ont leur brevet professionnel.( Toujours obligatoire pour ouvrir un salon) .

Avec l’évolution de la population noiséenne, on voit s’ouvrir des salons ethniques spécialisés (lissage des cheveux …) et même parfois proposant un espace « femmes voilées ».

 

Marie José Gladieux