Le Monde illustré du 25 juillet 1891, nous relate les évènements.

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« L’opinion s’est beaucoup préoccupée, ces jours derniers, des menaces d’une grève générale des ouvriers de chemin de fer, destinée à jeter une réelle perturbation dans les habitudes du public surtout à cette période de l’année.

Fort heureusement, et grâce aux rapides mesures prises par les différentes Compagnies, le service régulier n’a pas été entravé dans son fonctionnement et on peut dire que la marche ordinaire des trains n’a pas été modifiée. Au reste ce sont seulement les ouvriers embrigadés ou journaliers qui ont pris part au mouvement, et l’on a remarqué que les ouvriers commissionnés n’ont pas fait défaut. »

Quelques chiffres sur les chemins de fer en 1891 :

La France possède 30 413 kilomètres de chemins de fer (aujourd’hui 31 939 kms). 400 000 personnes en vivent : chefs, employés, commis, ouvriers, lesquels avec les membres de leurs familles forment un total de 388 641 personnes (250 000 environ en 2012).

Il y a six grandes Compagnies : Paris-Orléans, Paris-Lyon-Méditerranée, Compagnie du Midi, Compagnie du Nord, Compagnie de l’Est et Compagnie de l’Ouest. Il existe 3 classes pour voyager (jusqu’en 1956).

Pourquoi la grève ?

Elle débute le 8 juillet à l’initiative de la Chambre syndicale nationale des travailleurs de France, créée en août 1890, pour soutenir les ouvriers du Paris-Orléans en grève afin de faire réintégrer deux militants syndicaux révoqués.

Les grévistes se réunissent au Tivoli Waux-Hall, le 18 juillet. Le Tivoli-Vaux-Hall, était une salle de spectacle située à Paris, rue de la Douane. Durant la seconde moitié du XIXᵉ siècle, et durant la Commune de Paris en particulier, elle a hébergé de nombreuses réunions politiques..

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Parmi les revendications  citons :

– la réintégration absolue des révoqués dans leurs emplois respectifs

– le minimum du salaire fixé à cinq francs ; augmentations par cinq francs

– la paye par quinzaine et non par mois

– dix heures de travail

– pour les aiguilleurs, douze jours de congés avec solde, par an

– suppression absolue des 24 heures de travail consécutives

Les Compagnies de Chemins de fer s’inquiètent des violences proférées par les grévistes et elles demandent au Préfet de Police d’assurer la sécurité des voies aux abords de Paris.

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Le journaliste du Monde Illustré rappelle « qu’une Loi de 1845 considère comme crime tout attentat commis sur les voies ferrées. »

Le Ministre de  l’Intérieur décide de protéger la liberté du travail. Des patrouilles de gendarmes circulent sur les lignes de banlieue. Sur le ligne de l’Est, le génie protège les voies soit en surveillant le service, soit en s’en chargeant.

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A Noisy-le-Sec, une suite de wagons de marchandises sert de caserne aux soldats à la bifurcation de Belfort, pendant que les gendarmes surveillent le pont-viaduc et ses abords.

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6 000 cheminots tinrent bon jusqu’au 21 juillet. La grève s’éteignit d’elle-même et fut suivie de 2 000 révocations environ.

le petit parisien

sources : Le Monde Illustré et Le Petit Parisien.