Après avoir commencé à travailler dès l’âge de douze ans en qualité de télégraphiste, Jean Winkopp s’intéresse dès l’âge de 18 ans au chant, prend des cours et débute au music-hall.

Il signe son premier contrat avec Le Théâtre National de l’Opéra, en qualité, d’« artiste des chœurs, emploi de basse », le 22 septembre 1915. Ses prestations étaient limitées aux jeudi et dimanche en matinée. Nous dirions aujourd’hui qu’il s’agissait d’un temps partiel.

Bien que gravement blessé en 1914, il n’est pas, au moment de la rédaction de son contrat avec l’Opéra, dégagé des obligations militaires et il signe son engagement « sous réserve de rappel de l’autorité militaire ». Parallèlement à ses matinées à l’Opéra, Jean se présente le 8 novembre 1915 au concours d’admission au conservatoire national, il chante l’air d’Iphigénie en Aulide et est admis au 2ème tour du concours. Il passe la deuxième épreuve le 12 novembre 1915, le jury est présidé par Gabriel Fauré en personne.

Sur quarante-trois aspirants au deuxième tour, cinq seulement sont admis dont Jean à la majorité absolue des voix.

Jean  suit les cours du conservatoire national de musique de 1916 à 1918, il en sort avec un palmarès jamais égalé. Jugez plutôt : 1ère médaille de solfège, 1er prix d’histoire de la musique, 1er prix de chant, 1er prix d’excellence déclamation lyrique !!

Pour le plaisir, parcourons la revue hebdomadaire des spectacles La rampe, qui rend compte du concours du conservatoire en date du 13 juillet 1916 :

«M. Winkopp clôt la trinité barytonnante, le plus expérimenté et le plus émouvant des trois (concurrents) Chante dans un bon style et avec beaucoup d’expression « L’hymne au soleil » de Spontin. Nature d’artiste » et le 21 juillet 1918 « Parmi les sept concurrents en lice, je retiendrai M. Winkopp en possession complète de ses moyens vocaux, et M. Favilla Š…‹. M. Winkopp, air de Suzanne de Haendel.

A beaucoup progressé. Absolument prêt. Très bon concours. Hommes : premier prix M. Winkopp ».


Jean, qui fut décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre 14-18, était incorporé au 54ème régiment d’infanterie basé à Laval. Il fut blessé le 24 septembre 1914 au genou droit aux Eparges près de Verdun dans la tranchée de Calonne.

Hospitalisé à Lyon, il reste à Jean une enkylose du genou, c’est-à-dire une jambe raide.

Durant toute sa vie, il souffrit de cette jambe. Ainsi, au dos d’une carte postale datée de 1917, Jean écrit-il : « Je suis bien arrivé, j’ai fait la moitié du voyage debout, à Malesherbes j’ai dit à un bonhomme que j’avais une jambe en moins, et que j’avais mal aux reins alors il m’a donné sa place ».

Le 13 septembre 1920, il est programmé à l’Opéra Comique dans le Roi d’Ys dans lequel il joue le rôle de Jahel. Avec sa jambe raide, il ne peut prétendre à un premier rôle.

















Après le retour à la paix et la normalisation, son handicap physique ne lui permettant plus d’être « compétitif » avec les jeunes chanteurs qui arrivent sur le devant de la scène, Jean ne peut plus poursuivre sa carrière à l’Opéra, il crée sa propre troupe, organise des tournées en province….. et à Noisy-le-Sec.

C’était mon grand-père.

AMW