L’institution des gardes champêtres remonte aux temps les plus reculés de notre histoire, c’est en 1369 que le Roi Charles V dit le Sage, créa les premiers « gardes champêtres » chargés plus spécialement de la conservation des récoltes, appelés alors « gardes des ablais » (blés coupés) Rappelons qu’il était officier de police judiciaire, chargé de surveiller les récoltes, les propriétés rurales de toutes espèces et de constater les délits qui pouvaient s’y commettre, ainsi que les contraventions aux règlements de la police municipale.

Avant la Révolution de 1789, il y avait une police pour les villes mais aucune  pour les campagnes.

Les premières appellations du garde champêtre sont : Messor, messilier, messium cusios, messaer, messarius, mésségué, tous ces noms signifies « messier », de « messis », « moisson » celui qui garde les moissons ; on retrouve le nom de « messier » depuis le haut moyen âge jusqu’au début du XXe siècle.

Suivant la loi du 6 octobre 1791, pour être garde-champêtre, il fallait avoir 25 ans révolus, être d’une moralité irréprochable, posséder la fermeté du caractère et les connaissances premières requises pour rédiger convenablement un rapport. Un arrêté gouvernemental du 25 fructidor an IX (12 septembre 1801) prescrivait de choisir les gardes-champêtres parmi les vétérans et autres anciens militaires.

Il devait être muni, dans l’exercice de ses fonctions, d’une plaque de métal ou d’étoffe où étaient inscrits ces mots : La Loi, le nom de la municipalité et le sien. Le port des armes était facultatif et leur acquisition restait à la charge de la commune.
Au premier plan, le garde champêtre de Noisy-le-Sec portant képi et sabre, au début du 20ème siècle.

« Vers 1830, les gardes s’immiscent dans la littérature réaliste. Leurs apparitions accompagnent un intérêt nouveau pour les campagnes, mais ne concernent pas les œuvres qui idéalisent la vie champêtre. Honoré de Balzac dresse ce qui semble être le premier portrait littéraire des gardes. Décrivant la mort de la société aristocratique, il insiste, dans Les Paysans, sur les attaques dont sont victimes les grandes propriétés. Au début des années 1820, Vaudoyer, « n’était, comme la plupart des gardes-champêtres (sic), propre qu’à se promener, niaiser, se faire choyer par les pauvres qui ne demandent pas mieux que de corrompre cette autorité subalterne, la sentinelle avancée de la Propriété » Honoré de Balzac, Les Paysans, Paris, Gallimard, coll. …
Le propos manifeste la méfiance de l’auteur envers une société qui ose accorder du pouvoir aux petites gens. Vaudoyer a les défauts de tous les paysans, qu’il côtoie au cabaret du Grand I Vert, un repaire de brigands. Mauvais sujet, il présente les tares de tout garde. C’est un fainéant, sans aucun goût pour l’ordre, salarié pour se promener et facile à corrompre. Une sourde complicité l’unit à un « prolétariat » menacé par la disparition des pratiques communautaires. Son remplaçant, Groison, ancien sous-officier de cavalerie de la Garde impériale n’est guère respecté, car il est étranger aux villageois par son origine et par le rang qu’il a occupé dans l’armée impériale. »

Essentiels et sans importance.. Regards sur les gardes champêtres dans la France du 19ème siècle, Fabien Gaveau.


C’est un personnage souvent caricaturé.

Découvrons les paroles des couplets, 2 à 6 de notre chansonnette..

« J’tambourine, j’colle’ les affiches, et sitôt qui m’sont signalés, j’mène en fourrièr’ jusqu’aux caniches des bourgeois… qui n’sont pas mus’lés. Quand j’suis cheu nous, pour tout reproche, ma femme m’appell’ son gros canard ; mêm’ qu’à va m’fair’ mettre à la broche.. qui tient son schale ou son foulard j’défi’  l’pus fin de m’faire échec ! J’suis l’gard’champêtr’de Noisy-l’sec

Aux élections, pour le suffrage, j’veille au dépouill’ment du scrutin. Avé’  l’drapeau,  l’jour du tirage, j’conduis nos conscrits à Pantin. Dans un banquet patriotique, tout comme un simple citoyen, j’bois au maintien d’la République, en ayant soin d’pas perdre l’mien. Ou j’suis beau, c’est quand vient l’biffteck ! J’suis l’gard’ champêtr’ de Noisy-l’sec

A not’ fête, en f’sant la police, faut que j’m’occup’ des orphéons, du bal et du feu d’artifice ; mêm’ des illuminations. C’qui fait pâmer nos paysannes c’est d’voir courir les bourriquets, ben, j’vous dirai qu’la course aux ânes n’pourrait pas s’fair si j’y manquais. Les pompiers s’rang’nt à mon aspect. J’suis l’gard’ champêtr’ de Noisy-l’sec

Jeudi, dans l’ blé j’pince un homme ivre qui dormait comme un bien heureux. J’y dis : mon gas, vous allez m’suivre ! I’me r’garde en s’frottant les yeux. J’sais bien, qu’ je r’prends qu’ la paille est tendre mais moi, j’ suis dur et j’vous saisis ; pour coucher d’ssus, fallait attendre qui n’y ait pus d’grains dans les épis. Allons, allons faut v’nir avec le gard’ champêtr’de Noisy-l’sec

j’suis trop él’vé, j’crois pas que j’ puisse frayer avé’ l’ menu frétin, comm’ qui dirait les chantres, l’suisse, l’bedeau, l’sonneur et l’ scratistain, près d’un agent qui verbalise, ces pauvr’s garçons font peine à voir !! Y n’sont queuqu’chos’ que dans l’église, moi, j’suis puissant su’ tout l’terroir. Partout où j’passe on m’doit l’respect.

J’suis l’gard’champêtr’de Noisy-l’sec