Dr Valérie Stadler

Ecole Bld Gambetta, Noisy-le-Sec, Seine

lettre 1 1

Mes biens chers frères,

Merci beaucoup pour la carte de Fernand. Vous pouvez croire que c’est avec grand plaisir que je l’ai lu surtout après avoir été presque 6 mois sans voir votre chère écriture. Mon Dieu par qu’elles angoisses que nous avons tous passée epuis ma dernière visite à Vitry. Ce soir je viens de recevoir une lettre de Maman qui me donne de vos nouvelles. Elle me dit qu’elle se porte bien ainsi que Berthe et Louise.

lettre 2

J’ai reçu votre carte samedi et j’avais hâte de la porter à Cécile et Léonie dimanche pour leur donner l’adresse. Leur plaisir était aussi grand que le mien. Seulement une chose que je voudrais vous demander. Ne pourriez-vous pas mettre la carte sous enveloppe sans être fermée seulement pour qu’en arrivant ici on les lis pas partout (c’est la concierge qui le monte) Vous comprendrez bien pourquoi ne vous froissez pas. Sinon ne faites pas allusion au mot prison. Maintenant mes bien chers frères Maman me dit qu’on peut vous envoyer des colis. Voudriez-vous me dire si je pense vous envoyer des victuailles (chocolat, sardines, saucisson). Dites moi franchement ce qu’il vous manque comme linge où argent. Je me ferais un plaisir de vous soulager un peu dans ces moments si douloureux donc ne vous gênez pas et dites moi ce qui vous fera plaisir et si vous avez la permission parce que je ne voudrais pas l’envoyer avant que vous ayez demandé donc, mes bien chères, sur votre prochaine carte répondez moi la-dessus.

Moi je me porte toujours bien et mes pensées sont souvent avec vous. Il faut espérer que le jour viendra où on se retrouvera sain et sauf. Cécile et Léonie vont bien aussi.

Mes chers frères tranquillisez vous, nous aidons maman, Berthe et Louise autant que nous pourrons. De Joseph nous sommes toujours sans nouvelle. C’est long depuis le 12 septembre. On se demande ce qu’il est devenu. Tant et oncle vont bien ainsi que nos cousins et Cousines.

Dites s’il vous plait le bonjour de ma part à Messieurs Jalk et Weigand et bon courage à vous tous. Mes patrons ont eu aussi beaucoup de chagrin. Le frère à Madame, le Capitaine, a été tué près de Bard-le-Duc ; il laisse sa veuve et trois enfants. Vous voyez que chaque famille à sa part de soucis.

lettre 3

Gambetta

L’absence de signature nous laisse penser qu’il y avait sans doute un second feuillet à cette lettre mais celui-ci ne nous ait pas parvenu. NDLR