Abattu, dans la fleur de l’âge, en plein centre ville !

Ceci commence comme un conte de noël, c’est l’histoire d’un petit sapin devenu très très grand. En guise de petit sapin, l’arbre est un Cèdre Déodora de l’Himalaya, et comme tout cèdre il ne demande qu’à grandir. Il a fait la joie des oiseaux venus y faire leur nid, les mésanges, tourterelles, pinsons, un geai venait de temps en temps se manifester avec son cri rauque, les merles et les pies semaient souvent la zizanie ; il y avait de la vie dans cet arbre.

Pour les habitants de l’immeuble et les voisins, il était une source de fraîcheur, d’ombre, un repère car on le voyait de loin, lorsqu’il pleuvait les passants se mettaient à l’abri de sa ramure en attendant une accalmie ! Mais planté si près de l’immeuble, il ne pouvait, au fur et à mesure de sa croissance, que causer des nuisances : l’ombre devenait permanente, l’humidité endommageait la façade, et bien qu’il ait résisté à la tempête de 1999, récemment, plusieurs branches se sont cassées lors de grandes bourrasques de vent et heureusement il n’y a pas eu de catastrophe, mais le risque subsistait et il a fallu, la mort dans l’âme prononcer son abattage.

cèdre2

Ce mardi 28 avril 2015, dès 8 heures 30 du matin une équipe de 5 hommes se sont attaqué à cette figure emblématique. Un ‘alpiniste’, harnaché, d’un baudrier de crampons aux pieds et tronçonneuse à la ceinture commence à escalader le tronc et au fur et à mesure de sa progression il scie les branches qui sont aussitôt prises en charge par 4 autres compagnons, les branchages sont broyés et les plus grosses branches débitées en tronçons et entassées dans un camion grue. A 11 heures 30 il ne reste plus que le fût avec son houppier au sommet, il faut alors le décapiter, quelques coups de tronçonneuse, et la cime retenue par des cordes va rejoindre au sol les autres branches.

toupet toupet2

Le Cèdre est nu, mât immense de 20 mètres environ qui se dresse encore vers le ciel. Les badauds ne manquent pas, les uns indignés, les autres surpris, curieux mais aucun ne reste insensible. Le démontage du fût s’est fait par tronçons, de plus en plus larges vers sa base, et à chaque fois, l’homme chargé de le scier, répète les mêmes gestes : s’assurer avec des mousquetons, prendre sa tronçonneuse accrochée à son harnais, tirer le câble pour la mettre en route, scier le plus profondément le morceau du tronc mais pas trop pour qu’il ne tombe pas brutalement, remettre sa tronçonneuse à l’arrière de son baudrier, se tenir à la partie inférieure pendant que les hommes au sol tirent sur les haubans pour décrocher ce tronçon. Il va refaire ces gestes de nombreuses fois avant que le cèdre soit complètement abattu vers 16 heures.

homme2 homme3

Ainsi se termine la vie de cet arbre âgé de 46 ans qui n’avait comme défaut que d’avoir été confondu avec un simple sapin et d’avoir grandi trop vite. La place est vide, il y a comme un énorme manque, il va falloir s’habituer à son absence.

fin

Claude Chedal.